Le Christ, expérience du fondement ultime de notre vie

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Dieu même a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. 2 Corinthiens 4,6

Les Écritures de ce jour baignent dans une lumière fantastique alors que les évènements relatés percent la surface usuelle de l’ordre des choses et nous introduisent dans une profondeur habituellement imperceptible et ignorée au quotidien. Une invitation à la vigilance…

L’ascension du Thabor, la préparation pendant six jours préalable à la rencontre du septième jour, puis l’entrée dans la nuée et le séjour de quarante jours et quarante nuits, pointent à un « au-delà du réel » si on peut dire, une immersion totale dans le sacré. C’est dans ce contexte que Moïse deviendra le messager de l’intégrité divine destinée aux humains, la Loi et le commandement que j’ai écrits pour les enseigner. Le dessein du SEIGNEUR …un feu dévorant, au sommet de la montagne, c’est de structurer par sa puissance créatrice même les rapports sociaux des humains à partir de balises, ces 10 paroles/commandements qui traverseront l’histoire d’un peuple particulier pour devenir une référence universelle à travers les millénaires. C’est sous le mode de la nécessité, du commandement, de l’obligation que cette intention est exprimée.

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits.


Plusieurs siècles plus tard, sur une autre montagne – ou la même la chose est débattue – le descendant de Moïse, le législateur médiateur rayonnant de lumière divine, et aussi le descendant d’Élie, le réformateur messager du retour aux sources de l’expérience fondatrice d’Israël, Jésus, à son tour, accède à cette zone limite de la nuée, en compagnie des trois intimes disciples qui nous représentent tous et toutes.

Cependant, l’expérience de la gloire du Seigneur est amenée cette fois-ci à un niveau encore inégalé : car ce ne sera désormais plus la loi qui sera l’instrument privilégié de la rencontre de Dieu mais bien la personne même de cet individu hors norme. De la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Écoutez-le ! » Jésus se dévoile au cœur disponible comme porteur de tout l’éclat de la profondeur de Dieu : il est, le Christ, l’être humain renouvelé pour qu’à travers lui l’humanité puisse revêtir le divin projet et passer ainsi de la lettre de la loi à son accomplissement dans l’Esprit.

Ces récits d’exception ont bien sûr servi au fil des millénaires à valider d’abord la vérité du Dieu unique des hébreux, puis l’authenticité de Jésus comme Fils du Père, rédempteur de l’humanité. Cela n’épuise toutefois pas le sens de l’Écriture, il y a ici davantage. À l’instar de Moïse et de Jésus, du fait de notre humanité, nous avons nous aussi accès à la montagne de la rencontre. En fait, l’être humain n’est pleinement humain qu’à partir du moment où il fait l’expérience de son ultime fondement, de ce qu’il est réellement pour citer Raimon Pannikar. L’image de la montagne évoque un non-lieu, une manière d’être en relation avec l’Éternel-Maintenant de Dieu. L’expérience de Dieu est l’expérience du Mystère qui dirige nos vies de l’intérieur et de l’extérieur pour citer à nouveau Panikkar.

Les deux propositions d’exercices spirituels sur le feuillet de ce matin (voir ci-dessous ) constituent des sentiers possibles à parcourir pour nous disposer à cette rencontre. En consentant ici et maintenant à être là, tout simplement, disponible, attentif, sans rien forcer, nous sommes alors en quelque sorte transporté à notre tour sur la montagne; subtilement, dans le silence et l’intuition du cœur, nous pénétrons dans la nuée, nous sommes enveloppé de la gloire, nous expérimentons la proximité du Sacré.

Faire le choix d’explorer un de ces sentiers spirituels est en fait la raison d’être des quarante jours de la tradition du Carême que nous entamons ce mercredi : l’occasion d’aller au désert, à la montagne, de façon intérieure mais parfois aussi de façon physique, en retraite, pour sortir de l’approche dite normale des choses et nous rendre réceptif à la présence du Sacré qui suinte de la matière et désire la communion avec tous ceux et celles qui consentent à s’y exposer.

There is no WiFi in the forest, but you will find a better connection, déclarait une publicité. Nous pourrions dire ici, il n’y a pas de WiFi sur la montagne mais pourtant vous aurez une connexion bien meilleure. Nous y ferons cette expérience essentielle pour tout être humain, la prise de conscience de sa propre identité et des valeurs que nous souhaitons faire nôtre et vivre. L’expérience où Dieu même a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. En ce lieu qui n’en est pas un, nous trouverons l’élan, l’amour et la créativité de notre prière et de notre service du prochain pour transformer le monde sous l’éclairage fantastique du projet merveilleux de l’Évangile. Amen.

Par Denis Fortin, pasteur

26 février 2017

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ANNEXE du dimanche de la Transfiguration

Deux exercices spirituels pour en vivre et quelques pensées pour la méditer

La règle du tiers-ordre de l’Unité

Prie et travaille pour qu’Il règne.

Que dans ta journée labeur et repos soient vivifiés

par la Parole de Dieu.

Maintiens en tout le silence intérieur

pour demeurer en Christ.

Pénètre-toi de l’esprit des Béatitudes –

joie, simplicité, miséricorde.

 

La prière de consentement

A. Choisis un mot sacré comme symbole de ton intention à consentir à la présence et à l’action de Dieu en toi.

B. Assis confortablement, les yeux clos, prends quelques minutes pour t’apaiser, puis introduis tout en douceur et silencieusement le mot sacré comme symbole de ton consentement à la présence et à l’action de Dieu en toi.

C. Quand tu t’aperçois que tu t’es attaché aux pensées*, reviens tout en douceur au mot sacré.
*
« pensées » désignent les perceptions sensorielles, les sentiments, les images,  les réflexions…

D. À la fin de la période de prière, reste en silence avec les yeux clos encore quelques minutes.

 

L’expérience de Dieu, nécessaire à l’être humain

« L‘expérience de Dieu ne peut être monopolisée par aucune religion ni par aucun système de pensée.

En tant qu’expérience ultime, elle est une expérience non seulement possible, mais encore nécessaire pour que tout être humain parvienne à prendre conscience de sa propre identité.

« L‘être humain n’est pleinement humain qu’à partir du moment où il fait l’expérience de son ultime fondement, de ce qu’il est réellement.

« L‘expérience de Dieu n’est pas expérience d’un objet, c’est l’expérience du néant, donc de l’ineffable. L’expérience par laquelle on prend conscience qu’il existe un quelque chose de plus, de quelque chose qui n’a pas de fond. (…).

« L‘expérience de Dieu est la contingence d’être avec, de vivre avec, car ce n’est pas l’expérience d’un « je suis », mais d’un « nous sommes » (…).

« L‘expérience de Dieu est l’expérience de la troisième dimension de la réalité, qui peut se ressentir dans la façon profonde de vivre une activité humaine (…).

« L‘expérience de Dieu consiste à toucher la totalité de l’Être avec la totalité de notre être : sentir dans notre corps, notre intellect et notre esprit la réalité entière en nous et à l’extérieur de nous. Et c’est, paradoxalement, l’expérience de la contingence : nous touchons en un point l’infini.

« L‘expérience de Dieu est l’expérience du Mystère qui dirige nos vies de l’intérieur et de l’extérieur. »

Raimon Panikkar

L’expérience de Dieu

© Ed. Albin Michel, 2002

Église Unie Saint-Pierre / Dernier de l’Épiphanie A – Transfiguration / 26 février 2017

 

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 67

Exode 24, 15-18; 34, 29-30

2 Corinthiens 3, 18; 4, 5-7

Matthieu 17, 1-9

 

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