Le royaume des cieux est comparable à un grain de moutarde, à du levain, à un trésor caché, à une perle de grand prix. Quatre paraboles bien connues… si bien connues en fait qu’on peut avoir l’impression d’avoir tout dit… ou tout entendu… sur elles. Le message semble si évident…

Dans les deux premières paraboles le royaume des cieux est comparable à une graine de moutarde et ensuite à du levain. En Palestine, la graine de moutarde pousse pour devenir un grand buisson, mais pas vraiment un arbre. Les oiseaux n’y nichent pas. Jésus exagère donc un peu. Il en va de même pour le pain préparé avec « trois mesures » ou quelque chose comme 25 kilos de farine  (v. 33). Il y en aurait du pain pour nourrir environ 100 personnes. Qu’est-ce que cette femme va faire avec tout ce pain ? Elle ne le gardera surement pas jalousement pour elle. Ce sera sans doute du pain à partager… du pain pour un grand festin. La femme, les mains pleines de pain… et l’arbre, ses branches pleins de nids… quelles images éloquentes ! Du coup je me dis que le signe du Royaume de cieux est non seulement la croissance surprenante de la graine et du levain mais aussi l’hospitalité radicale de l’agriculteur et de la boulangère. Une hospitalité qui dépasse toutes nos attentes. Logé(e)s – nourri(e)s au royaume des cieux, nous serons rassasiés…bien au delà de tout ce que nous pourrions jamais imaginer….

« Et ça », nous dit Jésus dans les deux autres paraboles, « ça vaut son pesant d’or ». C’est un trésor, une perle de grand prix, et Jésus semble nous demander « Saurez-vous, à l’instar de cet homme et de ce marchand, tout investir pour faire vôtre ce trésor caché ? A chacun et à chacune de nous, la question se pose : « Quel est ton trésor ? Quelle est la priorité des priorités au cours de tes semaines? Qu’est-ce qui a un grand prix à tes yeux ? Pour quoi ou pour qui donnerais-tu tout ce que tu possèdes ?

Oui…c’est ça, le message de ces paraboles. Mais heureusement… en même temps… ce n’est pas juste ça. Jésus nous parle en paraboles… et les paraboles, comme toute métaphore ou poésie, n’épuisent pas le sujet… et combien plus lorsqu’il est question de Dieu sur qui nous n’aurons jamais le dernier mot… Dieu qui se laisse voir… mais qui nous échappe en même temps.

Si le message des paraboles de ce matin servaient uniquement à nous dire que le Royaume des cieux est là où il y a croissance exponentielle et surprenante, et là où les gens donnent tout pour mettre la main sur ce trésor inestimable, ces paraboles ne seraient guère plus que des histoires moralisatrices qui risqueraient de nous faire sombrer dans la culpabilité… et le découragement parce que… confessons-le… si ces paraboles décrivent l’idéal à viser… nos vies sont rarement à la hauteur ! Pour ma part, quand je regarde ce qui pousse dans mon jardin spirituel, malgré tous mes efforts et toutes mes bonnes intentions, c’est loin d’être une forêt majestueuse. Pour ce qui est du pain… ben là je me débrouille un peu mieux… il fut un temps où j’en faisais beaucoup… mais même là…j’ai beau utiliser toujours la même recette…des fois ça lève super bien…d’autres fois…ça fait pitié ! Ce serait une belle image pour une autre parabole… celle de la vie de tous les jours, n’est-ce pas ? Et que dire de l’idée de tout donner pour atteindre le Royaume de cieux ? Même si on ne prend pas Jésus au mot… même si on convient que Jésus ne veut pas que tout le monde se dépossède littéralement de tout… qu’il cherche à susciter une réaction en nous… à nous inciter à revoir nos priorités et à désencombrer notre vie afin de nous enrichir de l’essentiel… je dois l’admettre : parfois mes mains sont trop pleines de tout ce à quoi je m’accroche dans la vie. Trop souvent j’ai les mains trop pleines pour accueillir en toute confiance la vie nouvelle qui s’offre à moi. Oui, le royaume des cieux est comparable à un grain de moutarde, à du levain, à un trésor caché, à une perle de grand prix. Mais force nous est de constater que lorsqu’on mesure notre vie à cet idéal… trop souvent… on fait pas le poids.

Mais Dieu soit loué parce que…l’Esprit vient en aide à notre faiblesse ! L’avènement du royaume des cieux…ce royaume où nous serons tous et toutes rassasiés au-delà de nos attentes…l’avènement du royaume des cieux ne dépend pas fondamentalement de notre performance…mais de l’activité de l’Esprit…le vrai trésor…caché…non pas dans un champ…mais en chacun et chacune de nous.

Tout à coup, je vois, comme pour la première fois, l’homme et le marchand :

« Avant que l’homme mette un pied dans le champ, avant que le marchand ne commence sa recherche, oui, avant que chacun de nous se soit mis en route, quelqu’un est là qui nous appelle et ouvre devant nous un chemin glorieux. Celui-là nous cherche et nous trouve et nous appelle et voilà que maintenant, Lui est l’homme dans le champ, Lui est le marchand de perle et nous, c’est à peine croyable, nous, tels que nous sommes… nous sommes le trésor que Dieu trouve, la perle rare qu’il cherche. … Pour Dieu, cela vaut la peine de se défaire de ses biens, de se dépouiller. Oui, pour moi, pour toi, pour vous, Dieu se dépouille parce qu’en moi, en toi, en vous, il trouve son bonheur. (…) Qu’est-ce que cela veut dire pour Dieu de se dépouiller ? Pour lui, c’est quitter son Royaume inaccessible et inabordable pour venir au cœur de notre vie humaine. Il le fait en Jésus, le Christ incarné dans notre humanité. Il le fait dans notre quotidien, parce que dans la valeur des relations que nous avons les uns avec les autres, nous rendons visible la présence de Dieu. »

(http://lecoeuretlamain2013.over-blog.com/2014/07/matthieu-13-44-46-qui-cherche-qui.html )

Dans l’hospitalité que nous offrons – un abri, un chez soi, un peu pain pour festoyer ensemble – par la grâce de Dieu, le Royaume des cieux se révèle en nous. Et oui, frères et sœurs, le Royaume des cieux s’est approché… il est déjà là… et là… et là! Grâces soient rendues à Dieu. Amen.

Par Darla Sloan

Le 30 juillet 2017 – 8 Pentecôte A17 – Église Unie St-Pierre

Un credo : les petites paraboles de Jésus

Nous croyons au divin règne d’amour, en Christ qui repose en nous, à travers nous et par delà nous.

Nous croyons que ce règne d’amour est semblable à un grain de moutarde : semé dans une apparente insignifiance mais produisant une croissance magnifique qui fait reverdir le monde.

Nous croyons que ce règne d’amour est comme un levain : humblement inséré à la pâte de la vie dans une apparente insignifiance mais dont le gonflement produit un pain suffisant pour le monde entier.

Nous croyons que ce divin règne d’amour est comme un trésor : perdu et enfoui dans le sol dans une apparente insignifiance mais désormais retrouvé avec joie et gratitude.

Nous croyons que ce divin règne d’amour est comme une perle : toutes les autres pâlissent d’insignifiance alors qu’est découverte la plus grosse et la plus belle entre toutes.

[…]

Nous croyons au divin règne d’amour, en Christ qui repose sur nous, en nous et par delà nous; là où les doux et les pauvres, les miséricordieux et les affamés se réjouissent dans la compagnie des anges de Dieu.

Dieu d’amour, nous croyons : dissipe notre incrédulité.

(Extrait d’une confession de foi de B. Prewer)

 [trad. D.Fortin]

LECTURES BIBLIQUES

Romains 8 : 26-39

Matthieu 13, 31-33 et 44-46