Jésus est l’invité d’honneur à un dîner. Parmi les convives se trouvent ses bien-aimés Marie, Marthe, et Lazare. Il y a de quoi fêter ! Lazare est là… celui qui est mort et que Jésus a ramené à la vie après quatre jours ! Tout le monde est là à manger, à boire et à discuter. De quoi ? Nous ne le saurons jamais. Mais… il est fort probable que les gens parlaient de Jésus.
De plus en plus de monde commençaient à se demander s’il n’était pas le Messie – l’oint de Dieu. Toutefois, selon ce que l’on disait de Jésus, il était aussi clair que les gens n’avaient le flair de saisir que Jésus n’était pas le genre de Messie auquel ils s’attendaient. Marie, elle, a compris. Mais comment faire passer son message pour que les gens s’en souviennent longtemps ? Sans dire un mot… elle se lève… et va chercher une livre de nard – ce qui aurait coûté l’équivalent du revenu annuel d’un ouvrier à l’époque ! Ce nard, Marie le gardait pour l’enterrement de son bien-aimé. Elle aurait sûrement préféré ne s’en servir que plus tard… beaucoup plus tard… mais… l’heure était grave. Oui, elle s’apprêtait à poser un geste extravagant. Mais Jésus ne posait-il pas toujours des gestes extravagants ? C’était quoi ce parfum à côté de ce que Jésus avait apporté à sa maison ? Une vie nouvelle ! Ça n’a pas de prix !
Alors Marie verse ce parfum sur les pieds de Jésus. Pas sur la tête de Jésus. Non… c’est clair… Jésus est un Messie pas comme les autres. Lui, le pouvoir ne lui est jamais monté à la tête ! Jésus a toujours les deux pieds sur terre. Et il n’a jamais peur de se salir les pieds pour rejoindre les gens là où ils sont. Avant même que Jésus se penche pour laver les pieds de ces disciples en leur demandant de faire de même, Marie se lance.
Nard à la main… Marie nous renvoie déjà au tombeau… le tombeau dont Jésus sortira debout… notre assurance que rien n’est plus fort que la vie que Dieu nous offre par la puissance de son Esprit. L’Esprit qui était à l’œuvre en Jésus…et qui a aussi été répandu en nos cœurs.
À voir quelqu’un exprimer si ouvertement – et de manière si audacieuse, si intime, si sensuelle – leur dévotion à Jésus, on aurait sûrement entendu voler une mouche ! Imaginez si tout le monde faisait pareil! C’est Judas qui brise le silence : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? »
Cette remarque, vous pue-t-elle au nez ? Et si Jean ne nous avait pas dévoilé le cœur de Judas ? L’aurions-nous jugé si sévèrement, si rapidement ? Si j’avais été là, en entendant la remarque de Judas, j’y aurais fort probablement opiné de la tête. Et si je suis honnête avec moi-même et avec Dieu, je ne peux que reconnaitre à quel point je ressemble à Judas. Si souvent mon cœur est partagé. Mes motivations ne sont pas toujours aussi pures que le nard de Marie. Puissent les effluves de l’Esprit pénétrer et adoucir tous les cœurs endurcis par la cupidité, l’avidité du pouvoir, la peur du manque. Ainsi il n’y aura plus de pauvres car tous les seront ouverts comme celui du Christ : ouvert au partage et au don de soi pour le bien commun. Puissent les effluves de l’Esprit être un baume sur les cœurs cyniques, meurtris, désabusés, désespérés pour raviver notre espérance : nous sommes le peuple de Dieu. Rien ne saura nous manquer.
C’est si facile de faire de ce récit l’histoire de Marie et de Judas. L’histoire de la « bonne fille exemplaire » versus « le mauvais gars à ne pas imiter ». Mais ce n’est pas l’histoire de Marie et de Judas… de nous qui sommes à la fois Marie et Judas. C’est l’histoire de Jésus.
Si on s’arrête à Marie et Judas, c’est peut-être parce que nous ne voulons pas nous attarder trop longtemps sur la suite de l’histoire… sur Jésus qui évoque sa mort imminente. La mort, on n’aime pas trop en parler. On l’évite quasiment à tout prix. Ça, ça nous pue vraiment au nez.
Mais avec Jésus, on ne peut pas faire l’économie de la mort. Ne serait-ce pas là, le message que Marie essaie de faire passer à tous ceux et celles qui sont rassemblés autour de Jésus ? Ce nard que Marie gardait pour la sépulture de Jésus, elle en met tellement épais qu’absolument tout tout tout dans la maison est imprégné de l’odeur. Rien ni personne n’y échappe! Qu’on s’en souvienne longtemps! Le chemin de Jésus n’est pas une voie de contournement mais un passage à travers la mort… la mort à la fin de notre vie sur la terre mais aussi toutes les autres morts que nous devons traverser au cours de cette vie. Mort à notre ancienne vie… et relèvement à une vie radicalement nouvelle.
Ah… l’odeur de ce parfum qui persiste aujourd’hui… la sentez-vous ? Ce sont les effluves de l’Esprit de vie répandues dans tous les cœurs. Respirons-les profondément. Puissent ces effluves raviver en nous l’expérience spirituelle primordiale des disciples du Christ, l’oint-de-Dieu pas comme les autres.
Ne trouvez-vous pas que ça sent le printemps ?
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