Depuis la nuit des temps…et dans presque toutes les traditions religieuses, les montagnes sont des lieux sacrés…des lieux recherchées par les gens en quête spirituelle. Peut-être est-ce à cause de leur beauté majestueuse…une beauté si immense que ça nous rappelle que seul un Créateur beaucoup plus grand que nous aurait pu en être l’artisan. Peut-être est-ce parce que…graver la montage nous permet de prendre une distance par rapport à notre va-et-vient quotidien…de nous élever au-dessus de la mêlée…et de mettre les choses en perspective…et peut-être…par la grâce de Dieu…de nous laisser saisir par une vision divine de notre monde.
Les premiers disciples, en tout cas, ont vite compris que les choses ont l’air très différentes du haut de la montagne. Et le message véhiculé par le récit de Marc nous donne une bonne idée de ce que les premiers disciples voyaient en Jésus…et de comment leur perception de lui a changé lorsqu’ils ont pris du temps seuls avec lui sur la montagne.
Là sur la montagne, le monde de Dieu fait irruption dans l’espace des humains. L’espace de Dieu s’ouvre au regard. Jésus est soudainement transfiguré devant eux, littéralement métamorphosé. C’est le même verbe qui est utilisé pour désigner la transformation spirituelle ( Rom. 12:2 ; 2 Cor. 3:18 ). Cette transformation n’est pas uniquement intérieure. Elle est aussi visible. N’est-ce pas vrai que, comme notre ancêtre Moïse, les gens qui passent beaucoup de temps avec Dieu sont rayonnants ?
Marc nous dit que c’est au moment où les disciples aperçoivent la gloire de Dieu en Jésus qu’Elie et Moïse apparaissent. De quoi s’entretiennent-ils avec Jésus ? Marc ne le dit pas, mais Luc affirme qu’ils parlent du départ de Jésus qui va s’accomplir à Jérusalem. Le terme traduit par départ signifie littéralement » exode ». Jésus va accomplir un nouvel exode par sa mort et sa résurrection – dont il a parlé ouvertement avec ses disciples juste avant de gravir la montagne. La transfiguration et la résurrection de Jésus sont indissociables. Par sa mort et sa résurrection, Jésus ouvre un nouveau chemin pour accéder à Dieu…et à toute l’humanité…non seulement les plus forts…les plus valeureux. Par sa croix et sa résurrection nous avons l’assurance que même le pire des enfers sur terre n’aura pas le dernier mot sur la vie que nous avons en Jésus Christ. La transfiguration ne dispense pas de la croix, elle en situe le sens et elle donne la force de l’affronter.
Emerveillé par cette scène, Pierre réagit. C’est trop beau pour être vrai ! Il convient de prolonger ce moment. C’est pourquoi il demande à Jésus qu’ils restent là. Jésus n’a pas le temps de répondre, une nuée les recouvre et une voix leur dit d’écouter celui qui est déjà en train de descendre la montagne. Jésus ne cherche pas à rester sous les feux de la rampe. Son attitude suggère, me semble-t-il, que pour les chrétiens, le but ultime de la quête spirituelle n’est pas de trouver un oasis de paix et de repos. Si on se tient à l’écart un moment, c’est pour mieux nous brancher à la source de cette énergie vitale – et entièrement renouvelable par dessus le marché – qui nous donnera la force nécessaire pour rechercher la justice et résister au mal. Jésus nous demande de venir avec lui à l’écart sur la montagne…mais il ne veut pas que nous y restions. Il veut que nous redescendions dans la plaine, vers le monde de tous les jours, avec ses joies, ses souffrances ses combats et ses luttes.
Mais comment faire ? Comment trouver notre chemin dans un monde si perturbé et perturbant ? Et une voix céleste nous répond : « Celui-ci est mon fils bien-aimé. Écoutez-le. » C’est sa parole qui peut nous éclairer dans les hauts et les bas de notre quête spirituelle…Ainsi soit-il. Amen.
PAR DARLA SLOAN, pasteure
Le 15 février 2015 – Transfiguration B15 – Église unie St-Pierre
LECTURES BIBLIQUES
2 Rois 2, 1-12
Marc 9, 2-10
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