« Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne… le peuple que j’ai formé pour moi, redira ma louange » (Ésaïe 43, 19-21), parole du Seigneur !
Parole d’espérance… qui retentit alors que tout n’allait pas pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le peuple de Dieu… alors qu’une bonne partie vivait encore en exil. Les jours de gloire du temple grouillant de monde n’étaient qu’un souvenir lointain ; et le peuple d’Israël, avec son identité propre – sa langue, sa culture, son histoire distinctes – était devenu une minorité fragile, une petite île secoué par les vagues gigantesques des marées de superpuissances. L’Assyrie, l’Égypte, Babylone… Plus ça changeait… plus l’histoire se répétait… depuis des centaines d’années… Il y avait de quoi être découragé. Comme de nos jours il y a aussi de quoi être découragé.
Dans un éditorial publié hier dans le Journal Ouest France, Philippe Boissonnat écrit :
« Les nuages noirs s’accumulent. Entre un Vladimir Poutine qui déclenche une annexion via une parodie de référendum, des Iraniennes obligées de risquer leur vie pour ôter un voile, et une Italie qui propulse une « postfasciste » en tête des législatives, les mauvaises nouvelles tombent plus vite que les feuilles mortes en ce début d’automne. »
Et là, je n’ai pas même mentionné la crise climatique.
L’autre jour quelqu’un m’a dit : c’est à croire qu’on n’avance à rien. On dirait même qu’on a reculé dans le temps. D’autres se demandent : « Où est Dieu là-dedans et à quoi ça sert d’être chrétien dans le monde d’aujourd’hui ? »
Frères et sœurs, prenons courage. Oui, nous sommes appelés à préserver la Terre (Genèse 2, 15), mais c’est Dieu, en Jésus Christ, le sauveur du monde. La Présence de Dieu n’est pas la garantie que nous éviterons toute catastrophe mais la plutôt la promesse qu’il y aura un chemin au cœur des eaux déchaînées, comme nous trouverons de quoi étancher notre soif dans le désert. Et même les bêtes sauvages en bénéficieront ! « Voici je vais faire du neuf ! » Parole du Seigneur !
Et là… j’ai envie de crier : « Mais ciel, que c’est long, Seigneur ! Si tu vas faire de quoi, fais-le donc ! »
Mais le temps de Dieu n’est pas le temps des humains, et surtout pas le temps des humains d’aujourd’hui, habitués que nous sommes à des messages instantanés et des solutions rapides. N’oublions pas : l’exile à Babylone a duré 70 ans (notre exil au début de la pandémie, c’était de la p’tite bière à côté de ce que nos ancêtres ont traversé). Et Jésus, que nous voyons comme l’accomplissement des promesses des prophètes comme Ésaïe (qu’on lit régulièrement durant le temps de l’Avent), Jésus lui est arrivé sur la scène comme 500 ans plus tard ! Non, le temps de Dieu n’est pas le temps des humains. « Voici je vais faire du neuf.» Parole du Seigneur ! Il est encore temps d’espérer…
Et si notre appel comme chrétiens et chrétiennes dans le monde d’aujourd’hui était justement de cultiver l’espérance ? C’est ce qu’affirme le Groupe de dialogue entre l’Église Unie et l’Église catholique romaine qui, en 2018, a publié un rapport intitulé justement L’Espérance en nous dans lequel on peut lire :
« La réalité des changements climatiques peut parfois engendrer des sentiments de désespoir. Il n’est pas certain que la communauté mondiale saura réagir assez rapidement et avec assez de détermination pour survivre à des changements climatiques catastrophiques. Toutefois, renoncer à agir par déni, désespoir, cynisme ou découragement ne peut qu’aggraver la situation. L’Église a des ressources qui ont fait leurs preuves pour contrer le désespoir et la paralysie… [qui peuvent]… nous aider à passer du découragement à l’espérance. » (p. 17)
Cette espérance c’est la Parole que Dieu sème et qui prend racine en nous : Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne ; ne le reconnaîtrez-vous pas? Dieu a dit seulement une Parole et nous a créés à son image et à sa ressemblance. Nous sommes capables de Dieu parce que nous avons en nous sa créativité et son ingéniosité. Il faut le reconnaitre… pour cultiver l’espérance en nous. Des solutions existent… des pas sont faits dans la bonne direction (à cet égard, je vous invite à lire l’éditorial de Boissonnat que j’ai cité tantôt qui commence sur une note pessimiste, c’est vrai, mais finit par une invitation à ne pas désespérer, à cultiver l’espérance).
Cette espérance en nous peut parfois nous paraître minuscule… trop petite pour changer quoi que ce soit. Mais gardons courage. Là où Dieu règne, de l’espérance grosse comme une graine de moutarde peut grandir et créer un espace accueillant et habitable pour toutes sortes d’espèces. Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne… le peuple que j’ai formé pour moi… redira ma louange. Amen.
Un commentaire