Levons nos verres pour l’Action de grâces

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

DenisQui a semé dans les larmes moissonne dans la joie ! Il s’en va, il s’en va en pleurant, chargé du sac de semence. Il revient, il revient avec joie, chargé de ses gerbes.

(Psaume 126)

Votre verre est-il à moitié plein ou à moitié vide? Dans les faits, le verre contient ce qu’il contient : ce qui varie c’est bien sûr notre manière de regarder et d’évaluer la ‘quantité’ contenue. Et là on tombe dans l’interprétation personnelle, souvent très subjective : en ai-je suffisamment? Et si j’en avais tout à coup besoin de plus? La peur du manque est une des racines les plus profondes des attitudes de compétition et d’hostilité entre les humains; de l’accaparement démesuré des biens et des richesses par les plus forts, à l’exploitation éhontée et au pillage des ressources naturelles justifiée par les diktats d’une conception quasi religieuse de l’économie, de la croissance indéfinie et du profit. Plus, encore plus, toujours plus…

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/.


Par ce rassemblement pour un culte d’Action de grâces ce matin, nous affirmons que, quelqu’en soient les quantités variables, nous reconnaissons que notre verre est plein et que, par la grâce de Dieu et la solidarité aimante de la communauté – son Corps, il y a et il y aura suffisamment. Développer un regard d’action de grâce c’est d’abord l’affirmation que tout est don et que rien n’est dû; c’est ensuite la prise de conscience que la circulation des biens et le partage sont, à l’instar de l’air, de l’eau et de la terre même, des principe élémentaires sacrés, fondés sur la justice et l’équité, indispensables à la vie humaine dans la paix sociale et la créativité. C’est enfin la compréhension intime que le sentiment d’être comblé par l’amour infini de Dieu nous inscrit dans une même générosité bienveillante à l’égard de nos semblables et de toute la création, le fondement de notre agir personnel et collectif, sur lesquels se doivent de reposer nos politiques sociales et économiques, toute religion ou athéisme confondus. Les fruits sont à tous… la terre n’est à personne. [J.J. Rousseau].

Que l’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâce, pour tous… et ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous menions une vie calme et paisible en toute piété et dignité. Voilà ce qui est beau et agréable aux yeux de Dieu notre Sauveur. Ce weekend d’action de grâce se déroule cette année dans un contexte électoral. L’exhortation biblique qui précède, l’objectif d’une vie calme et paisible, nous invite à une prière pour sa réalisation : les élus de la semaine prochaine le seront pour se mettre au service de cette finalité collective. Que notre prière cette semaine aille en ce sens, pour notre société comme pour tous les États et nations de notre planète.

Notre verre n’est jamais complètement plein et il est rempli de façon variable au cours de notre existence. Le contemplatif et activiste américain, moine cistercien, Thomas Merton, disait qu’il faut arrêter de tout miser sur l’espoir des résultats (le verre plein) : « Il importe de vous concentrez de plus en plus, non sur les résultats, mais sur la valeur, la rectitude et la vérité de l’œuvre en elle-même ». Même peu, le verre rempli atteste l’objectif de plénitude qui est visé. L’action de grâce repose sur ce qui est déjà, et la joie reconnaissante qui en découle alimente ainsi l’engagement pour faire advenir davantage ce qui est beau et agréable aux yeux de Dieu. Qu’il en soit ainsi dans nos existences personnelles comme dans notre vie communautaire et nos engagements à la suite de Jésus. Amen.

Denis Fortin, pasteur

Action de grâces

Église Unie Saint-Pierre  / 28e dimanche ordinaire « B » / 11 octobre 2015

Lectures bibliques Psaume 126, 1-6; 1 Timothée 2,1-7; Luc 17, 11-19

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