Respirons lentement… faisons silence… apaisons le tumulte de nos pensées, les soubresauts de nos émotions… humblement, revenons vers la pleine conscience, la Présence sacrée qui nous appelle à ce moment… « Dans son amour Dieu nous voit libre comme lui… il nous a donné Jésus, le Bien-Aimé. Qui le prend pour Maître et pour ami a la plus belle place ! Servir Dieu rend l’homme libre comme lui.¹»

Ces paroles que nous avons chantées expriment le cœur de la mission du prophète de Nazareth. L’Écriture garde le souvenir des dires et des gestes de la vie de Jésus pour nous permettre d’en saisir la valeur permanente, de les méditer et de les appliquer dans notre quotidien. Vivez en enfants de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité. Discernez ce qui plaît au Seigneur.²

Alors que le climat social et politique actuel peut ébranler notre espérance, cette parabole de l’Écriture nous appelle au réalisme et à l’ingéniosité dans notre engagement; Et le maître fit l’éloge du gérant trompeur, parce qu’il avait agi avec habileté. En effet, ceux qui appartiennent à ce monde sont plus habiles vis-à-vis de leurs semblables que ceux qui appartiennent à la lumière.³ À cet égard, il y a 80 ans, à quelques mois de la fin de la Deuxième guerre mondiale, le pasteur et théologien Reinhold Niebuhr, auteur de la prière de la sérénité⁴, a proposé une réflexion qui a marqué son époque et dont l’écho résonne toujours, Les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres. Selon lui « la plupart des partisans de la démocratie étaient des « enfants de lumière » qui avaient des idées optimistes mais naïves sur la façon dont la société pouvait être débarrassée du mal et gouvernée par une raison éclairée. Ils avaient besoin, pensait-il, d’absorber un peu de la sagesse et de la force des « enfants des ténèbres », dont le cynisme impitoyable et la politique corrompue et antidémocratique devaient être répudiés. » ⁵

Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu⁶. La soif du pouvoir attisée par l’intérêt personnel immodéré qui s’impose par la force apparaît comme une constante dans l’histoire du monde : autoritarisme, totalitarisme, impérialisme. Elle cherche à répondre l’anxiété du moi pour sa survie et le caractère insaisissable de son existence. La marque du péché. Une conversion s’avère indispensable pour accéder à la lumière dans l’humilité, reconnaître la partialité de ses perspectives et accéder au dépassement de soi. L’humilité incite les gens à modérer leur orgueil naturel et à « atteindre une certaine conscience décente de la relativité de leur propre déclaration, même de la vérité la plus ultime ». C’est là le fondement de la tolérance, ouvrant sur une conception prudente et libérale de la société humaine, qui tient compte de l’intérêt personnel de chaque groupe et qui est tempérée par une compréhension réaliste des limites du pouvoir ⁷.

Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur… personne ne peut servir deux maîtres : …vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent⁸. Dans l’esprit du Christ, ne doutons jamais que l’accumulation effrénée pour soi ne peut apporter la sécurité profonde; le pouvoir et l’avoir sont sains lorsqu’au service de la relation, du souci d’autrui. Avec tolérance, recherchons la sagesse dans nos rapports avec nos semblables, en tant que citoyens, dans les petites choses du quotidien, faisant montre de prudence et de nuances, le tout avec bonté, justice, vérité. Ainsi, discernerons-nous ce qui plaît au Seigneur, servirons-nous Dieu même avec l’argent trompeur, en témoignant du salut qu’il offre à tous sans condition puisque comme disciples nous sommes appelés à partager la grâce, à remettre les dettes des humains comme Dieu nous les a remises. Amen.

LECTURES BIBLIQUES

Luc 16,8-9.13 

Éphésiens 5,8-10 

Luc 13,31-35