Frères et sœurs, écoutez la bonne nouvelle : vous êtes, nous sommes, le sel de la terre, la lumière du monde. Avez-vous remarqué ? Jésus ne parle ni au futur, ni au conditionnel. Il n’y a pas de « si vous faites ceci… ou si vous faites cela… ». Il dit : « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. » Vous avez tout ce qu’il faut pour faire toute la différence. Une petite pincée de sel, un peu de lumière, c’est tout ce que ça prend pour tout changer ! Point. Je pourrais même m’arrêter là. L’essentiel du message de ce matin est là. Mais… permettez-moi tout de même quelques commentaires. D’autant plus que Jésus n’en fait pas tellement.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Tout d’abord, n’oublions pas, Jésus vient tout juste d’appeler ses premiers disciples. Les versets que nous venons d’entendre font partie du sermon sur la montagne, le discours inaugural de Jésus. La semaine dernière nous avons entendu les « béatitudes », une sorte d’invitation à se mettre en marche à sa suite. Et là, il enchaine en disant : « Vous êtes le sel de la terre ». Qu’est-ce que Jésus veut dire au juste?
Le sel était une commodité qui avait plusieurs usages dans l’antiquité mais qui était une denrée plutôt rare, donc d’une grande valeur. Le mot « salaire » vient du mot latin « salarium » (sal voulant dire sel). Dans l’Empire romain, une partie de la solde des soldats et un bon nombre d’échanges se faisaient avec du sel. En nous disant que nous nous sommes le sel de la terre, Jésus veut-il affirmer que nous avons du prix à ses yeux? Nous aussi? Après tout, il s’adresse aux foules ici, pas uniquement à ses disciples les plus proches, pas uniquement à ceux qui ont été baptisés. Jésus parle aux foules sans distinction. À qui veut l’entendre, il dit : « Vous êtes le sel de la terre ».
Et qu’est-ce que ça fait du sel? Ça conserve les aliments; ça désinfecte; ça nettoie et enlève les tâches; et ça rehausse la saveur. Ce matin, Jésus nous dit : « Vous avez tout ce qu’il faut pour vous assurer que la vie ne se gâte pas, de sorte que ce monde soit un lieu où la vie est bonne pour toutes et pour tous et pour longtemps.
Jésus nous dit « vous êtes le sel de la terre… ». Ce qui compte, c’est la terre, c’est le monde. Nous avons la capacité de rehausser la saveur de la vie pour nos frères et sœurs. En étant sel de la terre, nous pouvons transmettre le goût de vivre. Et quand nous rendons la vie belle à ceux et celles qui nous sont confiés, notre existence est plus savoureuse, elle aussi, n’est-ce pas?
De plus, si, face à la multitude d’obstacles, et d’évènements tragiques auxquels nous sommes confrontés nous avons l’impression d’être petits, impuissants, rappelons-nous qu’un peu de sel suffit pour donner de la saveur. Aussi, Jésus nous supplie-t-il de ne pas gaspiller ce que nous sommes par la grâce de Dieu. Ne gaspillons pas notre essence naturelle. Ne soyons pas des disciples fades, tièdes, ou effacés. Soyons des hommes et des femmes qui donnons de la saveur à toutes nos rencontres, à tous les évènements de notre vie. Mettons notre grain de sel pour préserver et rehausser le goût de la vie, là où nous avons les pieds.
Mercredi dernier, lors de la réunion du conseil unifié de notre charge pastorale, Tout en étant toujours sous le choc de l’attentant à la grande mosquée, c’est quelques lignes d’une chanson apportée pour notre temps de partage et de réflexion qui ont été notre pincée de sel de la soirée : « Foutons la paix dans le monde… . Si la réalité choc, imaginez le choc que vous pourriez avoir… Mais il n’est pas trop tard, pas trop tard…c’est dans le quotidien avec des petits rien qu’on va changer le tout. » Et oui… une autre bonne nouvelle : On va changer le tout, par la grâce de Dieu! On peut faire de belles, de bonnes et de grandes choses! Ça aussi, on l’a vu cette semaine. La participation citoyenne – toutes confessions et origines confondues – à la vigile, aux funérailles et aux gestes solidaires posés depuis les attentats de dimanche derniers en sont autant de petites lumières qui brillent en ces temps de « grande noirceur », ici comme ailleurs. Un peu de sel pour désinfecter nos plaies pour favoriser la guérison des blessures. Et Jésus nous assure que nous avons tout ce qu’il faut pour tout changer; pour faire en sorte que la vie soit bonne pour toutes et pour tous… et pour longtemps. Bien au delà d’un rituel d’un soir ou de la prière d’un jour. Car Jésus est venu pour accomplir toute la loi et les prophètes et pour faire de ses disciples des leaders sur les voies de la justice. Le Royaume des cieux n’est pas un rêve utopique, un monde au delà de ce monde. C’est la vie telle qu’elle sera quand la volonté de Dieu est faite sur la terre comme au ciel. Et cette vie, elle est si proche qu’on peut y goûter dès aujourd’hui. On y a goûté cette semaine. Moi, je l’ai gouté vendredi quand j’ai lu que lors des funerailles célébrées pour trois des victimes de l’attentant l’imam a dit que le tueur était le sixième victime car, avant de mettre des balles dans la tête des autres, quelqu’un avait mis des idées plus dangereuses que des balles dans la sienne.
Ce matin, Jésus nous assure qu’ensemble, par la grâce de Dieu, nous avons de quoi dénouer les liens de la méchanceté, alléger le fardeau de ceux et celles qui souffrent, nourrir les gens qui ont faim, vêtir ceux et celles qui sont nus. Nous pouvons éliminer de notre vie le doigt accusateur et la parole malfaisante de sorte que la vie soit bonne et savoureuse pour toutes et pour toutes…et ce pour longtemps. Il suffit d’y mettre notre grain de sel. Ainsi soit-il. Amen.
Par Darla Sloan
Le 5 février 2017 – 5 Épiphanie A17 – Église Unie St-Pierre
LECTURES BIBLIQUES
Ésaïe 58, 5-12
Matthieu 5, 13-20
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