Ne désertons pas nos assemblées…

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

C’est là une voie nouvelle et vivante que Jésus a inaugurée par son humanité.[1]

Le texte de l’évangile de Marc met dans la bouche de Jésus des paroles décapantes quant à l’organisation religieuse de son époque, en fait de toutes les époques. De ce temple, de ces grandes constructions, il ne restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit.[2] Tous ces systèmes qui concentrent l’attention sur leur puissance et leur autorité sont voués inévitablement à l’effritement et à moyen et long terme à la disparition. Cette prise de conscience devient pour les disciples qui sont dans l’intimité du maître le point de vue à partir duquel ils reconnaîtront les signes de la fin et l’attitude intérieure qu’ils devront développer, en ce dépouillement de toute prétention à l’autosuffisance, pour ainsi laisser Dieu agir en vérité en eux comme dans le monde à travers eux.

Comment se comble l’écart entre ce que nous aspirons à être, à vivre et la réalisation de nos échecs, de nos trahisons, envers nous-même comme autrui, de nos péchés? Comment demeurer branchés à la source de la vie alors que nos eaux sont contaminées par le mal, influence collective que chacun entérine à sa manière? La lettre aux Hébreux nous fournit une piste formidable ce matin il me semble. En fait c’est le fondement même de notre rassemblement pour le culte : l’humanité de Jésus est la voie nouvelle et vivante[3] qui donne accès à Dieu. Nous avons ainsi pleine assurance d’accéder au sanctuaire par le sang de Jésus[4], c.-à-d. que nous vivons de cette transfusion sanguine que Jésus le Christ distille à toute l’humanité. Il est LE donneur universel qui tout donne tout ce qu’il est par amour, Dieu se saigne à blanc pour nous… Cette vitalité sacrée, qui est pardon et guérison, est nôtre sans égard à nos mérites ou à notre performance; elle est entièrement l’initiative divine, gratuite, et permanente qui nous ouvre à la signification sacrée de tout ce que nous sommes, de tout ce que nous vivons.

S’il n’y a plus au sens propre de temple extérieur pour faire les sacrifices, la réalité spirituelle du temple acquiert sa pleine dimension en Christ. Car nous avons un prêtre éminent établi sur la maison de Dieu. Approchons-nous donc avec un cœur droit et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de toute faute de conscience et le corps lavé d’une eau pure[5]. Nous sommes invités à nous assembler, chacune chacun au bénéfice du cadeau divin ; car unis au Christ nous sommes sur la voie nouvelle et vivante[6], nous formons ensemble le temple qui nous donne plein accès au Père.

C’est là toute la grandeur de notre culte dominical, si humble et frêle soit-il dans son apparence. Le culte n’est pas un spectacle, un divertissement. C’est la λειτουργία[7], le service sacré et le ministère où je deviens plus authentiquement moi-même en compagnie et grâce à la présence des autres. Permettez-moi l’analogie d’un sauna ou d’une piscine où chacun dans la même eau intègre l’expérience de façon particulière, corporellement ou émotivement, stimulé et orienté par l’énergie commune du moment partagé. Le cadeau du culte, c’est le moment gratuit par excellence qui n’a d’autre finalité que de nous mettre en présence de la Présence, ensemble, disponibles, réceptifs à l’Esprit sacré et saint qui nous regroupe et qui est ressenti de façon unique par chacune et chacun.

Alors, Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux œuvres bonnes. Ne désertons pas nos assemblées mais encourageons-nous et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour[8]. Nous partageons une responsabilité commune les uns envers les autres; un peu comme une équipe de sport, ou de conditionnement spirituel. L’autre dans sa différence m’amène ailleurs que dans le familier, dans ces algorithmes qui me renvoient constamment la même image de moi-même, la prison contemporaine de Narcisse. Ma sœur, mon frère, me permet dans le concret d’élargir mes horizons à l’amplitude de la vie que Dieu me destine. L’assemblée que nous formons est un microcosme pour pratiquer le monde nouveau, pour nous encourager, pour nous soutenir et aussi pour nous brasser au besoin.

Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux œuvres bonnes[9], nous efforcer de devenir meilleur, plus patient, plus bienveillant, développer notre simplicité, notre accueil, le respect profond d’autrui, notre générosité, notre engagement pour la justice… Pour reprendre cette expression de jadis la pratique des vertus pour devenir un peu plus, un peu mieux, image de Dieu. Cela est toujours porté dans nos limites, à la fois juste et pécheur (dans les mots de Luther[10]) ; la grâce du Christ seule est notre réconfort constant et notre espérance permanente. Tout nous est donné par son [Christ] humanité[11].

 

LECTURES BIBLIQUES

Psaume 113

Hébreux 10, 11-14 ; 19-25

Marc 13,1-8

[1] Hébreux 10,20

[2] Marc 13,1-2

[3] Hébreux 10,20

[4] Hébreux 10,19

[5] Hébreux 10,22

[6] Hébreux 10,20

[7] https://biblehub.com/greek/3009.htm

[8] Hébreux 10,24-25

[9] Hébreux 10,24

[10] http://lhomeliedudimanche.over-blog.com/article-simul-peccator-et-justus-de-l-interet-d-etre-pecheur-et-de-le-savoir-120320806.html

[11] Hébreux 10,20

 

 

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