Ne nous laisse pas entrer en tentation

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Il est bon d’être ici n’est-ce pas ? Venir à l’écart pour prier en ce lieu éclatant de lumière en haut de la rue Saint-Ursule est l’occasion voir plus clair. Il est aussi bon de prendre un moment à l’écart chez soi sur Zoom n’est-ce pas. Oui, Dieu est partout mais dans nos vies chargées, il est parfois plus difficile de déceler sa présence. Se mettre à l’écart pour prier seul-e ou avec d’autres peut nous permettre d’avoir une autre perspective sur Dieu et sur notre place dans le monde que Dieu nous a confié… et ce, même si nous arrivons encore alourdis par le sommeil. Nous sommes probablement plusieurs à être tentés de dire comme Pierre : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! »

C’est tentant de vouloir rester ici… pour tout ce que cela peut nous apporter de paix intérieure, de communion fraternelle rassurante et réconfortante. C’est bien tout ça, c’est essentiel même dans notre monde où on a l’impression qu’une crise n’attend pas l’autre et que tout semble aller mal dans le pire des mondes. Mais le Christ nous appelle à plus encore. Seigneur, nous t’en prions, ne nous laisse pas entrer en tentation. Donne-nous d’écouter ton Fils.

Pas toujours facile d’écouter la voix de Jésus… surtout quand il commence à nous parler de souffrance, de rejet, de mort. Seigneur, ne nous laisse pas entrer en tentation. Donne-nous d’écouter ton Fils… jusqu’au bout… même lorsque ce qu’il nous dit nous parait au-dessus de nos forces : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera. (Luc 9, 23-24).

Que la tentation est grande de tordre ces paroles de Jésus et d’en faire retenir un appel à la résignation devant les épreuves, un appel à souffrir seul en silence. Que l’exemple de la vie de Jésus résonne plus fort encore ! Porter sa croix ne signifie pas accepter le mal. Au contraire, cela signifie refuser que le mal l’emporte en mettant un pas devant l’autre sur les traces du Christ pour s’en sortir… par la grâce de Dieu avec l’aide des gens autour de nous… même de parfaits inconnus. Voyez-vous, Jésus n’a pas porté tout seul sa croix (Luc 23, 26). Dieu met des Simon et des Simone de Cyrène sur tous nos chemins. Il n’y a pas de honte à laisser d’autres partager nos fardeaux lorsque nous affrontons le mal. Honte plutôt aux gens qui croient que la valeur d’une vie se mesure à ce que l’on est capable de faire tout seule, que la valeur d’une vie se mesure à ce que l’on accumule pour soi-même plutôt que à ce que l’on donne pour le bien commun.  Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » Seigneur, ne nous laisse pas entrer en tentation. Donne-nous d’écouter ton Fils et de choisir de le suivre chaque jour… et particulièrement lorsque le mal et les épreuves nous plongent dans des situations de crise.

Le mot « crise » vient du grec κρίσις, mot qui signifie jugement. Une crise est un moment décisif qui appelle au bon jugement, à une évaluation lucide de la situation afin de choisir l’issu qui nous sortira de l’impasse. Toute crise – qu’elle soit écologique, économique, politique sociale, familiale, psychologique, existentielle ou spirituelle – présente à la fois un danger réel et une occasion à saisir, donc une espérance. Pour emprunter le chemin de l’espérance, il faut résister à la tentation de nier la crise… comme s’il s’agissait de « faits alternatifs », fake news. « Non, Non, Seigneur, cela n’arrivera pas ! » dit Pierre dans l’Évangile de Matthieu quand Jésus annonce à ses disciples la crise qu’il s’apprête à traverser. (Matthieu 16, 22). Le chemin de l’espérance s’ouvre devant nous lorsque nous accueillons la crise, non pas comme une fatalité mais plutôt comme l’occasion de saisir à pleines mains une vie radicalement différente : « Qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera. » Luc 9, 24 Seigneur, ne nous laisse pas entrer en tentation mais donne-nous d’écouter ton Fils.

Le temps du carême débute mercredi prochain. C’est l’occasion d’ajuster nos appareilles auditives afin de prêter une oreille particulièrement attentive au Christ. C’est l’occasion de poser un regard lucide sur notre vie… la vie que nous avons maintenant et celle que nous espérons… non seulement pour notre propre confort, notre propre sécurité et notre satisfaction personnelle… mais pour le bien commun… pour ce monde que Dieu aime tant. Que faut-il perdre dans le monde actuel pour avancer tous ensemble vers le monde à venir ? À la lumière de nos prises de conscience, par la grâce de Dieu, nous serons capables de regarder la réalité en pleine face et de faire ensuite quelques pas de plus vers cette vie radicalement différente.

Nous, nous avons de la chance… ou une grâce particulière, si vous voulez. À la différence des premiers disciples de Jésus, nos vies sont déjà illuminées par l’éclat de la résurrection. Cette lumière nous permet de voir sous un autre jour le monde actuel et d’apercevoir le monde que nous espérons, le règne de Dieu qui est à venir et déjà là, comme le soleil qui se lève à l’horizon. Que cet éclat divin nous sorte de notre torpeur afin que, pleinement conscients, nous avancions pas à pas sur les traces du Christ à travers toutes les crises que nous devrons affronter. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

Exode 34, 27-35

Luc 9, 20-3 

 

2 commentaires

  1. Lucie Payne says: · ·Répondre

    Oh oui chère Darla…
    Qu’il en soit ainsi…
    Merci pour ton cadeau de grande valeur… xx

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