Jésus leur dit : « Courage! C’est moi, n’ayez pas peur! » Marc 6, 50
Dimanche dernier, 15 juillet ouvrait la Semaine nationale de prévention de la noyade. À cette date, le nombre de noyades recensées au Québec cette année s’élevait à 26, selon le directeur général de la Société de sauvetage. Alors, prudence et sécurité dans nos activités aquatiques.
Je le sais d’expérience, ça fait peur de se retrouver sur l’eau, dans une petite embarcation, sans repères à cause de la nuit, bousculé par les vents et bardassé par les vagues. Et selon l’intensité du moment et le niveau de fatigue, une idée noire peut nous traverser l’esprit : « Et si je ne parvenais pas à rejoindre le rivage…! » On essaie alors de ne pas céder à la panique, on se concentre sur les manœuvres pour garder le cap… et du plus profond de soi s’élève un cri du cœur, une prière, car nous sommes alors à la merci des éléments, du hasard ou de la providence… C’est alors plus que jamais le moment d’un pari de foi et le temps d’une audace d’espérance.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Cela me rappelle un vieux cantique réformé repris dans Nos voix unies, mais avec des paroles différentes. Dans le contexte du chambardement vécu dans l’Église Unie en ce 43e Conseil général, il aurait sûrement pu servir. C’est le réformateur Ulrich Zwingli qui en est l’auteur, et la première ligne de la version française en donne le titre, « Notre barque est en danger ». Voici le texte que je préfère :
1. Notre barque est en danger : Prends, Seigneur, la barre en mains.
À toi sont nos lendemains; Toi seul peux vraiment nous protéger.
2. Notre barque est en danger : Aimons mieux de jour en jour;
Notre force est dans l’amour, Et le tien, Seigneur, ne peut changer.
3. Notre barque est en danger : Des orages et des flots;
Mais en toi, quel saint repos! Vers le port tu veux nous diriger.
Sur l’eau, le danger est bien réel. Dans le contexte de la transformation des structures de l’Église Unie du Canada, il est plutôt appréhendé. Mais immédiat ou anticipé, la crainte d’échouer, de se noyer, de se perdre suscite un malaise profond, une inquiétude voire une peur viscérale, et parfois même carrément le refus de prendre le risque d’aller de l’avant, sur l’eau ou dans la vie. On veut rester sur place, maintenir le statu quo. Compte tenu du résultat des votes des renvois dans les paroisses de l’Église, nous ne sommes déjà plus sur la rive, nous avançons sur l’eau. L’assemblée du Conseil général va selon toute vraisemblance confirmer la chose. Ce que cela signifie, c’est que la traversée va continuer. Nul ne peut toutefois prédire la direction des vents ni la hauteur des vagues ni savoir d’avance si nous rencontrerons la tempête et le déferlement des éléments. Pas plus que les vagues et les vents, la vie ne s’arrête pas parce que nous sommes inconfortables ou que nous ne contrôlons pas la situation.
Tels Sarah et Abraham dans la lettre aux Hébreux, nous sommes appelés à quitter le familier en réponse à un pari de foi qui se fonde sur la relation que Dieu a tissée avec nous et la promesse de sa bénédiction. Comme l’exprime l’évangile de Marc, Dieu est à l’œuvre pour notre salut, et nous le reconnaissons en Jésus : « C’est moi, n’ayez pas peur. Courage. » Jésus parle aussitôt avec les disciples qui poussent des cris. Jésus continue de parler avec nous, ses disciples, qui traversons une crise. Et c’est sa voix qui crée en nous l’audace d’espérer, de continuer d’avancer et de garder le cap sous sa direction.
Ces changements majeurs dans le fonctionnement de la structure modifieront peu de choses pour ce qui est du ministère de nos communautés locales. Car c’est d’abord et avant tout à l’échelle de nos paroisses et de nos ministères communautaires de présence que l’Église se manifeste. Animés par l’Esprit du message du prophète Ézéchiel, c’est dans et par les communautés locales, au sein de nos milieux propres, que retentit la proclamation de la repentance et de la grâce bienveillante, par des paroles d’exhortation et de compassion, par des actes d’amour tangibles et solidaires, dans une quête incessante d’équité et de justice.
Il est normal d’être inquiet, parfois même apeuré, dans une situation de turbulence incontrôlable. Gardons en tête et surtout au cœur ces paroles du cantique qui nous invitent à renouveler notre pari de foi et à maintenir une audace d’espérance, pour nous-mêmes et pour notre Église Unie tout entière.
Prends, Seigneur, la barre en mains. À toi sont nos lendemains;
Toi seul peux vraiment nous protéger.
Aimons mieux de jour en jour; notre force est dans l’amour,
Et le tien, Seigneur, ne peut changer. Vers le port tu veux nous diriger.
Amen.
[Cette prédication est adaptée d’un schéma de culte dominical proposé aux paroisses de l’Église Unie du Canada à l’occasion du 43e Conseil général 2018. Vous trouverez la célébration complète, l’original français et la version anglaise, en cliquant ici.]
Église Unie Saint-Pierre
22 juillet 2018 – 43e Conseil général de l’Église Unie du Canada
Pari de foi, audace d’espérance
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