« Et les femmes sortirent et s’enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes et bouleversées ; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. Point final. C’est ainsi que ce termine l’Évangile de Marc. Pas de farce. Regardez la note « g » dans votre TOB : « Selon les meilleurs manuscrits l’Évangile de Marc se termine ici ». Le plus anciens des quatre Évangiles se termine… par un grand silence. Une fin très plausible, à mon avis.
Elles ont vécu une terrible épreuve : de la désinformation, de fausses accusations, l’arrestation non-fondée, la torture et la mise au tombeau de celui en qui elles avaient mis leur confiance, leur espérance pour un monde de paix, de justice, de solidarité et de non-violence. Assurément encore sous le choc. Elles s’en vont au tombeau pour l’embaumer et trouvent, non pas le corps inerte de leur maitre mais un jeune homme vêtu de blanc …comme les figurent bibliques qui rayonnent de la présence divine… et qui annoncent une intervention divine spectaculaire. Et comme de fait, ce jeune homme vivant et volubile dit aux femmes que Jésus a été ressuscité (le verbe à la forme passive indiquerait que c’est l’action de Dieu). Je comprends qu’elles sont complètement bouleversées… et sans mots… prises de peur. Que dire? Au mieux, à les entendre, les gens diront sûrement que c’est un canular élaboré, « des faits alternatifs » comme on le dirait aujourd’hui. Au pire, on les prendra pour des folles. Qui ici n’a jamais, une fois ou l’autre, gardé le silence plutôt que de parler de son expérience spirituelle, de peur d’être mal compris, ridiculisé ou même méprisé ? Aujourd’hui, comme hier, « le langage de la croix, en effet, est folie » pour beaucoup de monde. Le monde veut des signes… des preuves scientifiques et statistiquement fiables… des arguments bien raisonnés et rationnels. Mais la croix et ce qu’elle signifie pour les disciples du Ressuscité, comment mettre des mots là-dessus? Cela ne s’explique pas. Il faut le vivre pour y croire, n’est-ce pas?
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Regardez ce qui se passe dans les versets qui ont été ajoutés à la fin de l’Évangile de Marc. C’est dans la rencontre avec Jésus ressuscité que Marie de Magdala trouve les mots et l’élan pour aller parler à d’autres de son expérience spirituelle. Et, en partant, ils ne la croient pas. Jésus se manifeste sous différences aspects à d’autres disciples… et eux non plus, on ne les croit pas. Toutes et tous restent incrédules jusqu’à ce qu’ils fassent eux-mêmes l’expérience de la Présence du Ressuscité.
C’est une bonne nouvelle à plusieurs volets, ça ! La voix du Christ est plus forte que notre silence. Même si nous ne disons pas un mot, par la grâce de Dieu, Christ continue à appeler nos frères et sœurs à la vie. Il continue à se manifester sous différents aspects à nos contemporains, les invitant à demeurer en sa Présence vivifiante. Et quand Jésus nous appelle à aller par le monde entier proclamer l’Évangile, peut-être que ce qu’il nous demande n’est pas d’aller essayer de convaincre les autres que Christ est vraiment ressuscité; que c’est par la folie et la faiblesse de la croix que nous avons la vie toujours nouvelle et éternelle. Après tout, il nous dit de proclamer l’Évangile à toutes les créatures (16,15). Pour ce faire, c’est moins le contenu de nos prédications – ce que nous disons à propos du Christ – qui importe. L’essentiel de notre mission chrétienne, c’est de créer, par nos paroles et nos gestes, des espaces de rencontre – et pourquoi pas un monde de rencontres – où d’autres peuvent faire l’expérience du Christ ressuscité. C’est ainsi que la création tout entière saura que toute cette histoire n’est pas qu’un gros poisson d’avril. Aussi fou que cela puisse paraitre aux yeux du monde, la voie de la vie en abondance pour toutes et tous, c’est le chemin de la croix, le chemin du don de soi, de la solidarité radicale, du pardon et de l’amour mutuels. Non, le texte biblique ne nous dit pas comment toute cette histoire va se terminer… même dans la version plus longue de la version de Marc. Par la grâce de Dieu, c’est dans nos vies que la suite s’écrit… et elle commence dès aujourd’hui. Alléluia! Amen.
1er avril 2018 – Pâques B18 – Église Unie Saint-Pierre et Pinguet
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