« Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps; je le répète, réjouissez-vous. » Là où est votre joie, là se trouve le Seigneur. Alors où est votre joie ces temps-ci ? Moi, l’une des grandes sources de joie dans ma vie en ce moment, c’est le temps que je passe avec des jeunes qui pensent au baptême. Bon, on ne parle pas de foules… mais quand même. Imaginez, en 2018, parmi des gens qui m’écrivent et me téléphone, il y a jeunes qui se posent des questions sur la foi. De façon générale, ils n’ont que quelques notions de la tradition religieuse de leurs ancêtres mais ils ressentent une soif… accompagnée d’un désir de se plonger dans les eaux du baptême. Quelle JOIE pour une pasteure d’avoir le privilège de passer des heures et des heures à parler de ce que le Seigneur fait dans nos vies. Je CAPOTE, littéralement !
Maintenant, imaginez ce qui se passerait si j’accueillais les jeunes en recherche comme Jean accueillait ceux et celles qui se présentaient à lui pour se faire baptiser : « Ma gang de milléniaux, génération rusée et malicieuse, qui vous a montré comment échapper aux souffrances et aux angoisses à venir – car, en vérité, je vous le dit, vous n’avez rien vu encore! Et si vous pensez que pensez que le but de l’exercice, c’est la transmission de la tradition de nos ancêtres, attachez vos tuques ! Car qui se fait baptiser doit accepter de se mouiller dans les affaires du Seigneur. »
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Mettons que Jean essaie de susciter une réaction chez nous. Pour lui, le baptême, c’est à prendre très au sérieux. Le baptême c’est plus qu’un petit rite sympathique, un beau moment en communauté. C’est beaucoup plus qu’une belle célébration familiale un beau dimanche. Même ici, en ces lieux où il n’y a que quelques gouttes d’eau sur le front, on sort du baptême tout trempe. Toute notre vie en demeure imprégnée. Le baptême nous entraine dans une transformation non seulement de notre être intérieur, mais de toutes les dimensions de notre vie, le baptême c’est un véritable conversion. Le mot en grec métanoïa – traduit en français par conversion ou repentance – signifie justement un changement radical de notre pensée, de notre cœur, c’est-à-dire de notre façon de concevoir le monde. La conversion, la repentance, c’est aussi un retour à Dieu. C’est orienter toute sa vie vers Dieu et sa volonté. Il s’agit d’un changement qui nous amène à vivre de sorte que notre bonté – c’est à dire notre équité, notre droiture, notre probité – soit reconnue par tout le monde (Philippiens 4, 4).
Que nous faut-il donc faire ? Nous savons la réponse. Non seulement parce que nous venons de l’entendre dans la lecture de l’Évangile, mais aussi parce que nous essayons de le vivre n’est-ce pas? Nous sommes une communautés de baptisés et cela fait une différence… pour nous… et pour les autres autour de nous, n’est-ce pas? L’un des avantages d’être revenue à une foi vivante et une pratique religieuse régulière après des années « d’inactivité » au plan spirituel, c’est que je vois le changement qui s’opère en moi depuis des années. Des gens qui sont pratiquants depuis toujours ont peut-être plus de difficulté à identifier la différence que ça fait. Mais croyez-moi, d’autres la voient.
Justement, en me préparant pour ce matin, je me disais en moi-même, « Que c’est que je vais leur dire? Leur bonté est déjà reconnue par plein de monde. » Je vous vois aller, et je suis édifiée. Déjà de tant de manières, vous essayez sincèrement de vivre dans la simplicité, de partager, d’être justes et équitables. C’est ce que, par la grâce de Dieu, je veux vivre, moi aussi.
Que nous faut-il donc faire ? Cette question m’a habitée toute la semaine. Que me faut-il donc faire? Vendredi soir, il m’est venu à l’esprit d’examiner ma vie à la lumière de la proclamation de Jean. « Que celle qui a deux manteaux, partage avec celle qui n’en a pas. » Juste pour voir, je suis allée compter mes manteaux. J’en ai ben plus que deux. Et même si je me dis que le Québec, ce n’est pas la Palestine. Nous avons vraiment quatre saisons – ce qui signifierait peut-être un besoin réel de plus qu’un manteau – force m’est de constater que j’en ai beaucoup plus que ce dont j’ai réellement besoin. Idem pour la nourriture. Avec tous les privilèges que me confèrent mon statut, mon éducation et tout le reste, je prie le Seigneur de me garder de profiter de mon prochain, de lui faire violence ou lui extorquer des avantages. Toutefois, je suis consciente de participer, moi aussi, à un système politique et économique qui viole la terre, empoissonne l’environnement et asservit et appauvrit des millions de mes frères et sœurs à travers le monde. Je le sais trop bien : ma vie n’est pas totalement orientée vers Dieu et sa volonté. J’ai besoin de repentance… et à regarder l’état du monde, je ne suis pas la seule.
Que nous faut-il donc faire ? « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute occasion, par la prière et la supplication accompagnées d’action de grâce, faisons connaître nos demandes à Dieu. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ. » (Philippiens 4, 6-7) Frères et sœurs, à la différence des foules qui se rassemblaient autour de Jean-Baptiste, le Christ est déjà venu dans nos vies. Nous avons déjà été baptisés dans l’Esprit Saint et ce feu sacré qui purifie nos cœurs. Ce même Esprit continue à travailler en nous toute notre vie. Telle est ma conviction par la grâce de Dieu et la foi que nous professons : Celui qui a commencé cette œuvre en nous l’achèvera (Philippiens 1, 6).
Notre monde a besoin de notre joie, une joie qui n’est pas synonyme d’insouciance mais de lucidité. C’est la lucidité de Jean Baptiste qui ne se prenait pas pour le messie, le Sauveur du monde.
Nous non plus, nous n’avons pas à sauver le monde. Oui, nous avons à vivre de sorte que notre bonté soit reconnue. Mais c’est le Christ, le Sauveur. Fiou! Libérés de ce fardeau trop gros pour nous, nous pouvons nous réjouir comme il se doit. Ne sous-estimons pas la force transformatrice de cette joie que nous avons en nous. Notre joie vient de notre confiance en le Seigneur. Pensez-y, il est presqu’impossible d’être dans la joie quand nous manquons de confiance, n’est-ce pas ? Mais pour qui met sa confiance en Dieu, sa joie devient comme une source qui arrose, qui irrigue, le monde tout autour. L’histoire le démontre, l’histoire de l’Église comme de nos vies : le plus souvent, c’est la joie des baptisés qui donne à d’autres le goût de s’engager à la suite du Christ. C’est la joie qui nous habite qui nous donne la force et l’élan pour nous impliquer dans la transformation du monde. C’est cette joie qui nous donne l’énergie vitale pour contribuer à notre façon et selon nos dons et nos talents à redresser les chemins tortueux, à combler les vallées d’incrédulité et de désespoir, à niveler tout ce qui fait obstacle au plan de Dieu. Notre confiance est en Dieu, notre force et notre chant, la source de notre salut. Ne taisons pas notre joie, pour l’amour de Dieu et le salut du monde ! Que nous faut-il donc faire ? Réjouissons-nous dans le Seigneur, je le répète, réjouissons-nous en Dieu, notre Sauveur. Amen.
Le 16 décembre 2018 – 3 Avent C18 – Église Unie St-Pierre
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