Jusqu’à maintenant dans l’évangile de Marc, Jésus a enseigné les foules et multiplié les miracles. Tous en sont émerveillés, mais tous ne semblent pas comprendre qui est vraiment ce Jésus. Et Lui, de son côté, semble craindre que l’on se méprenne sur le vrai caractère de sa mission. Il demande donc à ses proches de lui dire où en est la perception des foules sur sa véritable identité. Leur réponse est pour le moins étonnante et ne s’inscrit pas dans la tradition des Écritures : Jean le Baptiste, Élie ou un des prophètes. Une réponse qui n’a rien à voir avec les croyances du peuple au sujet d’un Messie attendu, l’espérance d’Israël. Reconnaître en Jésus un prophète mort et réincarné, c’est de la superstition pure. Les Juifs de l’époque de Jésus n’étaient pas différents de nous tous et toutes. Si on faisait un sondage sur la personne de Jésus, je suis persuadé que nous aurions des réponses aussi diversifiées que les personnes sondées à l’époque.
Jésus s’adresse ensuite à ses disciples : «Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?» Pierre répond brièvement et simplement : «Tu es le Christ.». Il l’exprime en peu de mots, mais tout est là : Jésus correspond à l’espérance d’Israël. C’est court, mais ça suffit. Alors Jésus demande à ses disciples la plus grande discrétion à son sujet parce qu’il est encore trop tôt pour que les foules comprennent.
Comment les foules, en effet, auraient-elles pu accepter la perspective du rejet de Jésus par ceux-là même qui l’adulent maintenant ? Pierre ne pouvait pas non plus supporter cette révélation : comment est-il possible que celui en qui il reconnaissait le Messie de Dieu passe bientôt par la passion et la croix ? Il n’hésite pas à reprendre le Seigneur qui, à son tour, réagit vivement jusqu’à traiter Pierre de Satan…«tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu mais à celles des hommes»…
Le texte qui est offert à notre réflexion ce matin se termine par un appel à la fois aux disciples et à la foule parce que l’enseignement qu’il nous propose nous concerne tous et toutes. Il s’agit de la décision de suivre Jésus et de ce que cela implique…
Cet engagement ne peut pas être pris à la légère. Suivre Jésus, c’est prendre sa croix, c’est-à-dire accepter que la mort du Christ nous soit appliquée : «Je ne vis plus, moi, écrira l’apôtre Paul aux Galates, mais Christ vit en moi.» (Ga 2, 20). Renoncer à sa propre vie, en fin de compte, permettra de sauver sa vie. Le témoignage rendu par le disciple de Jésus vivra pour l’éternité.
Jésus dit que le Fils de l’homme aura honte de celui ou celle qui aura eu honte de lui sur terre sans doute en cachant sa foi, en taisant son écoute de la Parole de Dieu, en camouflant les moments qu’il/elle consacre à la prière et toute autre expression de sa foi. Vivre à la suite de Jésus recèle un véritable défi auquel nous sommes tous et toutes conviés :
suivre Jésus, c’est s’oublier soi-même devant les hommes.
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