Seigneur, apprends-nous à prier

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

« Seigneur, apprends-nous à prier… » Ça fait déjà un moment que les disciples suivent Jésus. Ils ont déjà entendu des enseignements. Ils ont vu et fait des choses incroyables. Ils ont été témoin de miracles et, envoyés eux-mêmes en mission, ont guéri des malades et chassé des démons (Luc 10, 1-20). Mais ils voient Jésus qui se retire à l’écart pour prier… et ils ont le sentiment de ne rien savoir… un peu comme nous n’est-ce pas ? On peut savoir bien des choses… mais qui se sent vraiment expert-e en matière de prière ? Pas moi en tout cas. Et je sais que je ne suis pas la seule. On pourrait certainement remplir des bibliothèques entières de toutes les livres qui ont été écrits sur le sujet depuis la nuit des temps. Taper « Comment prier » dans un moteur de recherche donne plus de 8 500 000 réponses sur Internet. Je ne saurai pas vous dire combien de fois on m’a dit… presque sur le ton d’une confession… comme si on me révélait un grand secret, ou quelque chose dont on devrait avoir honte devant une pasteure. « Je ne suis pas très bon… bonne… pour prier. » Ou bien… « À quoi ça sert de prier ? Ça change-tu quelque chose ? Est-ce correct de demander des choses à Dieu ? » Non, nous ne sommes pas seuls, nous qui avons le sentiment de ne pas savoir prier (Romains 8, 26-27).

Ne nous décourageons pas. Comme nous le disait Paul-André la semaine dernière dans sa prédication sur récit de Marthe et de Marie – deux sœurs qui voulaient toutes les deux bien accueillir Jésus chez elles (Luc 10, 38-42) – l’unique nécessaire est de nous assoir aux pieds de Jésus, c’est-à dire d’adopter une posture de disciple et de nous mettre à son école… « Seigneur, apprends-nous à prier. »

Et Jésus de répondre : « Quand vous priez, dites : Père… ». On pourrait écrire toute une thèse sur ce seul mot. Je me limiterai à une remarque. Le mot « Père » peut évoquer beaucoup de choses, susciter beaucoup d’émotions et de réactions.  Mais avant toute chose, le nom « Père » évoque une relation qui se veut intime. Elle peut être bonne ou mauvaise mais avoir un Père, implique nécessairement une relation.

Toutefois, il ne faut jamais jamais l’oublier : Dieu est un Père pas comme les autres. Que de dégâts qu’on peut faire en calquant notre relation avec Dieu, notre Père céleste, sur la relation qu’ont certains avec leur Père terrestre… surtout si ce Père terrestre est autoritaire et sème la terreur ! « Père, fais connaitre à tous et toutes qui tu es. » Que j’aime cette traduction qui est, me semble-t-il, plus facile à comprendre que la version qu’on récite par cœur : « que ton nom soit sanctifié ». Comme je le disais dans une prédication il y a quelques semaines, notre nom dit quelque chose sur qui on est. Le nom de Dieu est sanctifié parce que notre Père est saint… il est à part. Prier Dieu, c’est donc être en relation avec un Père qui est dans une classe à part. C’est un Père pas comme les autres… un Père différent de tous les Pères de notre quotidien.  Père, fais connaitre à tous et à toutes qui tu es vraiment… ça pourrait changer bien des choses… peut-être même le monde.

C’est en priant qu’on apprend à connaitre Dieu. Prier, c’est tisser et approfondir notre relation avec Dieu. Il n’y a pas une seule manière de prier, d’entretenir une relation avec Dieu, pas plus qu’il y a une seule manière de nourrir des relations d’intimité avec d’autres personnes. Bien sûr qu’on ne peut pas faire l’économie de bonnes conversations – et là, je ne parle pas de petits échanges courtois, de formules de politesse, mais de vrais échanges… qui vont au fond des choses, qui touche l’essentiel. Mais converser n’est pas la seule manière d’entretenir une relation avec quelqu’un, de connaitre quelqu’un, de savoir qui il est vraiment.

Peu importe les moyens que nous prenons, tout attention portée à notre relation avec Dieu est une forme de prière. Juste le fait d’être là ce matin, ça montre que vous savez déjà prier !

Dieu ne veut qu’une chose : être en relation avec nous, faire de nous ses partenaires dans la vie… dans la vie toujours nouvelle et éternelle. Sans doute est-ce pour cela que Jésus nous enseigne à prier « Fais venir ton règne. »  Jésus est venu faire la volonté de Dieu, inaugurer son règne, inaugurer ce ciel nouveau, cette terre nouvelle tels que décrits dans le livre d’Ésaïe. Prier, approfondir notre relation avec Dieu, nous amène nécessairement à participer à l’avènement de son règne : Père, donne-nous de participer à la création de ce monde où nos détresses du passé sont oubliées ; où toutes tes créatures et la vie… et la vie en abondance ; où l’on arrête de se détruire, de se déchirer, où les ressources sont partagées de sorte que tout le monde ait ce dont il a besoin. Donne-nous, non pas ce dont nous avons envie mais ce dont nous avons vraiment besoin pour chaque jour. Ouf ! Tout un contrat ça ! Ce n’est pas trop demander ?

Prier pour devenir partenaire de Dieu dans la création d’un ciel nouveau, d’une terre nouvelle, c’est ce que je souhaite de tout mon cœur. Mais je manque si souvent la cible. J’ai besoin de pardon… chaque jour… comme tout le monde. J’ai besoin de pardon… pour pouvoir continuer à œuvrer… pour repartir sur de nouvelles bases. Chaque jour, une nouvelle occasion de faire autrement.

Et j’ai besoin de la grâce pour ne pas céder à la tentation de croire que tout est perdu d’avance, que rien ne changera et que nous sommes condamnés à répéter sans cesse les mêmes erreurs. Père, si on n’a pas la réponse qu’on souhaitait avoir ou si on a l’impression que tu tardes à nous répondre, ne nous laisse pas céder à la tentation de croire que tu n’entends pas et n’exauce pas nos prières. Donne-moi, donne-nous de persévérer dans la prière.

Avez-vous remarqué ? Ce matin, Jésus n’utilise pas de paraboles pour nous dire que si nous persévérons dans la prière, Dieu nous exaucera en nous donnant exactement ce que nous avons demandé… précisément comme nous l’avons imaginé.

Un jour, il y a bien des années, je suis allée visiter une femme dont la sœur venait de décéder. J’entre dans la cuisine et la dame me lance… « On voit ce que ça vaut tes prières » (j’avais effectivement prié pour cette dame… et plus précisément qu’elle soit guérie de sa maladie). Et sa sœur endeuillée a poursuivi en disant : « J’ai arrêté de croire en la prière quand j’avais environ 4 ans. J’ai prié pour un tricycle rouge… et je ne l’ai jamais eu. »  Histoire vraie.

Mais Dieu notre Père n’est pas le Père Noël. Jésus nous le rappelle aujourd’hui. Jésus ne nous garantit pas que, si nous persévérons dans la prière tout se passera selon notre volonté. Il nous promet plutôt que Dieu nous donnera l’Esprit Saint. Jésus promet que l’Esprit qui planait sur les eaux du chaos et du vide au commencement de tout (Genèse 1, 1) sera donné à quiconque le demande. L’Esprit Saint, c’est la force, le courage et la puissance créatrice qu’il nous faut pour devenir partenaires de Dieu. L’Esprit peut nous aider à refaire nos vies… et même le ciel et la terre. Et la bonne nouvelle ? C’est que nous avons déjà tout ce qu’il nous faut. Prenez un grand respir ! Prions de tout notre être et la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme au ciel. Amen.

 

LECTURES BIBLIQUES

Ésaïe 65, 16-25

Luc 11, 1-13

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