« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » C’est un cri de désarroi, de désespoir. Pourquoi Jésus tarde-t-il à venir, à intervenir en notre faveur? C’est le cri des endeuillés… au creux de cette détresse qui s’installe quand on a pleuré toutes les larmes de notre corps et qu’on se sent complètement vidé, desséché… des morts-vivants nous-mêmes. Devant la souffrance et la mort qui sont, nous semble-t-il, gratuites, imméritées, injuste et évitables, on ressent tour à tour la colère la révolte, l’abattement, l’incompréhension totale. Les choses auraient pu être autrement, non? Seigneur, pourquoi n’es-tu pas intervenu pour empêcher le pire : la mort d’un être cher, d’une relation, d’un rêve, d’un projet longtemps muri?. Seigneur, pourquoi tardes-tu à secourir tes amis qui sont malades, prisonniers de leurs corps ou de leur état d’esprit, ou « pognés » dans des situations pas possibles, là ou le mal domine et la souffrance étouffe la vie.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
C’est le cri de quiconque fait l’expérience de l’absence de Dieu en Jésus. Et pourtant, si, dans notre désarroi et à travers nos larmes, nos écoutons attentivement l’Évangile de ce matin, nous entendrons des paroles de consolation et d’espérance. Avez-vous remarqué combien de fois Jean nous répète que Jésus aime ses amis? Son absence n’est pas indifférence. L’histoire de Lazare (dont le nom signifie « Dieu vient en [mon] aide », ou « secours de Dieu ») nous le révèle : même si son secours ne vient pas toujours sous la forme ou selon l’échéancier qu’on aurait souhaité, Jésus nous vient en aide. Ce qu’il nous offre n’est pas une vie complètement aseptisée. Oui, parfois la vie nous pue au nez. Cependant, putréfié ne signifie pas stérile. « Ceux et celles qui croient en moi, même s’ils meurent, vivront… des tombeaux de leurs vies surgira une vie nouvelle. Attention, « croire » n’est pas un exercice intellectuel, basé sur nos connaissance et nos idées reçues. Croire, c’est un acte de foi. Dans ce récit, le mot grec traduit par « croire » désigne la foi, la confiance, en Jésus. Et c’est un acte de foi parce que Jésus nous invite à prendre part à l’actualisation de cette vie nouvelle : « Enlevez la pierre! Déliez-le et laissez-le aller! »
C’est ainsi que Jésus nous aime… il nous associe à son œuvre libératrice et vivifiante, à travers nos souffrances et nos morts. Le chemin qu’il ouvre n’est pas une voie d’évitement qui contourne à tout jamais la souffrance et même la mort. C’est un passage : dans la vie, dans la mort, et dans la vie au-delà de la mort. La mort, le vide, l’expérience de l’absence n’auront pas le dernier mot. C’est la promesse du Seigneur qui parle et accomplit. C’est la Parole faite chair en Jésus. Au cœur croyant, sa résurrection atteste la véracité de ses propos… qui sont davantage qu’un conte et n’ont rien d’une menterie. Amen.
Par Darla Sloan
2 avril 2017 – 5 Lent A17 – Église Unie Saint-Pierre
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