Les extraits bibliques que nous venons d’entendre ont été choisis par le modérateur pour la célébration qui sera diffusée plus tard cette semaine à l’occasion du 96e anniversaire de l’Église Unie. On a demandé aux prédicateurs et prédicatrices invités de répondre à la question suivante : « À la lumière de l’appel du Christ à l’amour, qu’est-ce que l’Église doit faire maintenant ? »
Quelques jours après avoir écrit mon texte, on apprend la découverte des restes de 215 enfants autochtones à Kamloops en Colombie Britannique. Et tout à coup la question résonne différemment. Qu’est-ce que l’Église doit faire maintenant? Selon les archives, l’Église Unie était responsable de 10 pensionnats comme celui de Kamloops. Qu’est-ce que l’Église doit faire maintenant ? Une réponse possible ? Rien. L’Église n’a-t-elle pas assez fait ? Il y a bien des autochtones qui ne veulent RIEN savoir de l’Église. Les autochtones de l’Église Unie nous invitent à laisser du temps et de l’espace pour la prière et la lamentation, du temps pour écouter l’Esprit, avant d’entreprendre quelconque action. C’est une invitation à revenir à l’essentiel.
Matthieu 25 vient souvent à l’esprit quand on cherche à résumer l’essentiel de l’appel du Christ : nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, accueillir les étrangers, habiller les gens dans le besoin, visiter les malades et les prisonniers. Mais, il me semble que l’essentiel de l’appel du Christ, se trouve aussi dans 1 Corinthiens 13. Au cœur de l’appel du Christ, il y a l’amour… l’amour qui ne se vante pas et qui n’est pas prétentieux ; l’amour ne fait rien de honteux, qui n’est pas égoïste, et qui ne se réjouit pas de ce qui fait du mal. L’histoire de l’Église et de nos vies nous le démontre clairement : peu importe ce que nous faisons, s’il nous manque l’amour, les risques de pécher, de manquer la cible, sont plus grands.
L’amour dont il est question ici est plus que des bons sentiments : l’affection, l’amitié, l’affinité, l’attraction, l’intimité entre êtres humains. Il n’est pas question non plus de notre amour propre. Dans sa lettre aux Corinthiens Paul évoque l’amour de Dieu. L’amour de Dieu est la force qui nous unit et qui peut renouveler les cieux et la Terre.
C’est l’amour de Dieu qui a fait toute la différence dans ma vie, en tout cas. Quand j’ai franchi les portes du temple Chalmers-Wesley pour la toute première fois en 1995, j’étais dans l’une des périodes les plus sombres de ma vie. Disons que mon amour propre était pas mal meurtri. Dans ma profession de foi un an plus tard j’ai dit avoir appris par expérience personnelle qu’avoir une relation avec Dieu en Jésus Christ dans le contexte d’une communauté de foi pouvait transformer, voire même sauver une vie… et que cette nouvelle était trop bonne pour que je la garde pour moi. Cette journée-là, sans me douter que quelques années plus tard je deviendrais pasteure, je me suis engagée à proclamer la bonne nouvelle autour de moi, en paroles et en action. L’amour de Dieu fait toute la différence… dans tout ce que nous entreprenons.
Nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, accueillir les étrangers, habiller les gens dans le besoin, visiter les malades et les prisonniers. Toutes sortes de groupes – croyants, agnostiques et athées de tous genres – font ce genre de chose. Et nous devons continuer à collaborer avec eux, comme notre Église l’a toujours fait. Cela dit, les gens de foi ne doivent pas oublier leur contribution particulière : l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ.
Je pense à Steve (nom fictif) que j’ai rencontré alors que je travaillais comme aumônier au pénitencier de Donaconna. Steve avait tout perdu … ou presque. Toutefois, il avait dans sa cellule du papier et des crayons avec lesquels il créait de merveilleuses bandes dessinées pour ses enfants. Un jour il en a apporté une pour me la montrer lors d’une visite. J’étais vraiment impressionnée et je lui ai dit : « Tu sais, Steve, dans la Bible il est écrit qu’au commencement du monde, du chaos et du vide, Dieu a tout créé… de rien… ou presque. Et quand Dieu a achevé son œuvre, Dieu a regardé tout ce qu’il avait créé et Dieu a déclaré, Voilà ! C’est très bon! » Tu sais, tu fais partie de la création de Dieu et Dieu ne fait pas de la scrap. Et, comme artiste, ne vois-tu pas à quel point tu ressembles à Dieu? » Les yeux de Steve se sont remplis d’eau. Peut-être pour la première fois, il a vu sa vie à la lumière de l’amour divin. Je ne sais pas ce que Steve est devenu. L’amour de Dieu n’a pas effacé son passé… mais, le temps d’une rencontre au pen, cet amour a changé son regard sur sa réalité présente et, je prie qu’il puisse continuer de faire toute la différence pour son avenir.
Je pense aussi aux célébrations à la chapelle du pénitencier le dimanche matin. Je faisais exprès pour m’assoir au pied de l’immense croix accrochée au mur. Il y en a qui diront que ce n’était pas très respectueux pour les non-chrétiens (parmi les gars qui venaient à la chapelle, en plus des catholiques romains et des protestants déclarés, il y en avait qui s’identifiaient comme musulmans, rastafériens, témoins de Jéhovah, d’autres à aucun groupe religieux particulier). Je savais bien que plusieurs venaient surtout pour le café – avec du vrai lait, en non du lait en poudre – pour les Jos Louis et le contact avec les bénévoles. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais de visites de gens de l’extérieur. Mais j’ai la conviction qu’ils venaient aussi pour et par l’amour de Dieu. Peu importe leur identité religieuse ou spirituelle, le Christ leur parlait… Ce gars-là, sur la croix, il savait d’expérience ce que c’est qu’être condamné, rejeté, abandonné de tout le monde. Et quand je me tournais vers la croix pour pointer Jésus le condamné à mort et que je leur disais : « Les gars, ma foi me dit que ça… ce n’est pas la fin de l’histoire. Ce n’était pas la fin de l’histoire pour Jésus… sinon je ne serai pas là avec vous; ce n’était pas la fin de l’histoire pour Jésus et ça ne sera le pas pour vous non plus. Il y a une vie après la condamnation ». Cela ne laissait personne indifférent… ni les chrétiens, ni les musulmans, ni les autres.
Alors qu’approche le 1er siècle d’existence de l’Église Unie, peut-être que nous n’avons pas à être autre chose que ce que nous avons toujours été à notre meilleure : nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, accueillir les étrangers, habiller les gens dans le besoin, visiter les malades et les prisonniers sans jamais oublier que nous risquons de passer à côté de l’essentiel s’il nous manque l’amour… l’amour qui est patient, qui rend service… l’amour qui excuse tout, croit tout, espère tout, endure tout. Par la grâce de Dieu, cela fera toute la différence sur la Terre comme au ciel. Amen.
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