Dans le fond, ces deux jeunes hommes ne sont pas si différents l’un de l’autre. Tous les deux ont couru après un bonheur illusoire et, en ce faisant, se sont éloignés de l’amour et de la bienveillance de leur Père.    

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Bienvenue au festin offert par le Père ! Permettez-moi de me présenter. Je suis Sophia. Je connais ce Père et ses enfants depuis… depuis toujours en fait. Personne ne les connait comme moi je les connais. Nonobstant ce que pensent les gens.

Que voulez-vous ? C’est ça la vie dans un petit village. Tout le monde sait ce qui se brasse chez vous, et tout le monde a une opinion là-dessus. C’est exactement ce qui se passe ici. Tout le monde connait l’histoire de cette famille et tout le monde prend partie pour l’un ou pour l’autre des deux frères. Mais où est la sagesse là-dedans ? La Bible nous dit que la sagesse, c’est agir avec discernement. Et le discernement, ça nous oblige à réserver notre jugement, à reconnaître, en toute humilité, que notre vision des choses est toujours limitée… et que d’autres points de vues pourraient éventuellement nous révéler quelque chose… sur nous-mêmes… sur le monde… ou sur Dieu. C’est le cas de cette histoire du Père et de ces deux fils.

Le plus jeune a toujours été le plus indépendant… d’aucuns diraient le visionnaire de la famille. Il n’en pouvait plus des veilles habitudes… des anciennes façons de faire. Il fallait que ça bouge… que ça change… et il était tanné d’attendre après les autres pour vivre autrement. Alors il a demandé la part de bien qui devait lui revenir, ce qu’il allait recevoir tôt ou tard de toute façon. Il n’a rien demandé de plus.

Le problème, c’est qu’une fois qu’il l’avait entre les mains, il ne savait pas comment le gérer. Il a dilapidé son bien et s’est ramassé… littéralement… dans le champ… à garder des porcs. Imaginez ce que c’était pour un Juif, garder des porcs…rien de pire ! Ce jeune homme avait vraiment touché le fond du baril. Ben là, avant de le juger trop sévèrement, soyons honnêtes. Qui d’entre nous n’a jamais fait de folies au nom de sa liberté ? Qui n’a jamais rien gaspillé des richesses qui nous sont confiées ? Qui n’est jamais partie à la poursuite de quelque chose qui était supposé apporter le bonheur pour ensuite se réveiller un jour en se disant : « C’était vraiment pas comme ça que j’avais imaginé ma vie. » Qui ne s’est jamais embourbé dans le doute, les dettes, le manque, ou le désespoir ?

Ça arrive à tout le monde. Si seulement tout le monde avait la sagesse de rentrer en lui-même… et d’être assez visionnaire pour saisir qu’une vie nouvelle attend quiconque se repent… quiconque change de direction… abandonne ses illusions d’autosuffisance et reconnait son besoin de reprendre sa place parmi les siens.

Aaah, il y en a peut-être qui se disent : « Mais pourquoi le Père a-t-il laissé partir son fils comme ça ? » N’était-il pas assez clairvoyant pour savoir ce qui allait se passer ? Quel genre de père que c’est ? Le genre de père qui avait confiance en son fils et qui espérait contre toute espérance que son enfant finirait par rentrer en lui-même… le genre de père qui veut que ses enfants s’approchent de lui par amour… et non par obligation… parce qu’il ne voulait pas qu’un jour ces DEUX fils soient pleins d’amertume et de ressentiment à son égard.

L’aîné est toujours dehors. Mais il ne faut pas le juger trop vite, lui non plus. Qui n’a jamais rouspété ou boudé parce que la vie lui semblait injuste. « Si c’est comme ça, je débarque ! » Comme nous le faisons toutes et tous à un moment donné, l’aîné reste enfermé dans sa colère et son indignation, refusant de se joindre à la fête. Pourtant, il y a beaucoup de raisons de célébrer. Sa vie déborde de richesses et de bénédictions. Il a sa part de bien… et il a quelque chose qui vaut plus que tout au monde : il a l’amour indéfectible de son Père. Et voilà qu’il n’est pas satisfait. C’est comme si la seule raison pour laquelle qu’il a passé toutes ces années à travailler pour son Père, c’était pour ce que ça pouvait lui rapporter plus tard : plus d’argent, plus de pouvoir, plus de faveur, plus d’influence auprès de son Père. Il est devenue esclave – non pas de son Père, mais de ses propres illusions et idées fausses sur ce qui donne à une vie son sens et sa valeur. À trop fixer tout ce qu’il a fait… il n’est plus capable de voir et de se réjouir de ce qu’il a toujours été : l’un des enfants bien-aimé de son Père, ce Père qui donne toujours à ses enfants ce dont ils ont besoin pour avoir la vie en abondance.

Vous savez, tout le monde connait cette histoire… et tout le monde a une opinion là-dessus… la plupart prennent partie pour l’un ou pour l’autre des fils. Mais dans le fond, ces deux jeunes hommes ne sont pas si différents l’un de l’autre. Tous les deux ont couru après un bonheur illusoire et, en ce faisant, se sont éloignés de l’amour et de la bienveillance de leur Père. L’aîné… comme le plus jeune… gaspillent la meilleure part de leur héritage. La Bible nous dit que c’est par la sagesse que nous sommes de justes juges… c’est-à-dire que c’est par la sagesse que nous pouvons juger de manière à bien ajuster notre vie sur la volonté de Dieu. Moi, je vous dis, si vous devez prendre partie dans cette affaire, prenez donc partie pour le Père : Celui qui a couru pour accueillir son cadet et qui est sorti prier l’aîné de rentrer. Et… à bien y penser… plutôt que de passer notre temps à jaser de tout ça, ne serait-il pas plus sage de nous joindre à la fête et, à l’exemple du père, prier nos frères et sœurs de se joindre à nous. Amen.

Par Darla Sloan, pasteure

le 6 mars 2016 – 4 Carême C16 – Église unie St-Pierre

LECTURES BIBLIQUES

Proverbes 8, 12-35

Luc 15, 11-32