Il y a quelques jours, en allant se coucher, Catherine voit une lueur multicolore à travers les stores déjà fermés dans sa chambre et s’exclame : « Les voisins ont installé leurs décorations. Noël s’en vient. Joyeux le temps de l’Avent, Papa! Joyeux le temps de l’Avent Darla! » Au moindre signe, Catherine témoigne de la lumière qui perce l’obscurité croissante de nos nuits ces temps-ci. En plaçant un enfant au milieu d’eux, Jésus leur dit : « En vérité, je vous le déclare, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Matthieu 18, 3). Nous n’entrons pas dans la joie du monde qui vient… et qui est déjà là… quand notre vision « adulte » du monde nous empêche de voir et de nous extasier devant les signes de la Présence lumineuse de Dieu parmi nous. Tout notre savoir, notre raison, deviennent des lunettes à travers lesquelles nous regardons le monde. Et souvent, avec ces lunettes-là, tout paraît teinté de nuances de gris plus ou moins foncées, n’est-ce pas ? Saviez-vous qu’il existe aujourd’hui des cercles de soutien – semblables aux groupes anonymes – pour les personnes souffrant d’anxiété reliée aux changements climatiques ainsi qu’à d’autres situations de crises dans le monde actuel ? Comment ne pas se sentir anxieux et déprimé devant une menace immense face à laquelle on se sent totalement impuissant… justement parce que les puissances de ce monde ne semblent avoir aucun intérêt à ce que les choses changent ? De plus, nous vivons entourés de gens dont la vision du monde et de Dieu est faussée. Bon nombre ont carrément tourné le dos à Dieu. Croire en un Dieu qui répondrait à nos prières, serait pour eux comme croire un peu au Père Noël, c’est peut-être correct pour les enfants… mais pas pour des adultes instruits, raisonnables et responsables. D’autres encore relèguent Dieu au monde « spirituel ». Dieu égale paix intérieure. Donc, par définition, Dieu doit être absent du chaos tout autour. Pas surprenant que, collectivement, nous avons tendance à broyer du noir… ou du moins à voir le monde atour de nous en tons de gris.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
La foi, la confiance en Dieu et en sa grâce prévenante, nous donne une autre paire de lunettes, des lunettes qui amplifient la Parole qui font ressortir les couleurs les plus vives et les plus vivifiantes de ce monde que Dieu aime tant. Il en est ainsi justement parce que la Parole de Dieu dépasse le savoir, la raison et les puissances des humains. La Parole de Dieu dépasse tout ce que nous pouvons voir… et même imaginer.
Au commencement était la Parole… Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » (Jean 1, 1.14). Précisons. Dans l’univers de Jean, la Parole, n’est pas un langage, un enseignement, un discours, un savoir divin (le secret de Dieu). La Parole, c’est un évènement, une action, un agir (voilà sans doute pourquoi on lit dans la TOB « Au commencement était le Verbe… et le Verbe s’est fait chair »). Au commencement de tout était l’agir de Dieu. Dieu agit… pour tout créer et recréer. La Parole, c’est Dieu qui intervient dans l’histoire, dans nos histoires, pour accomplir sa volonté. Notre foi, notre confiance, repose sur la conviction que Dieu n’est pas un dieu distant où absent mais Dieu qui, au commencement, a tout créé et qui, dans la plénitude des temps, a fait irruption dans l’histoire en prenant chair et en habitant parmi nous. Voilà qui change le monde tout entier !
Pour « camper » la venue de Jésus dans le monde, Jean n’évoque pas sa naissance aussi miraculeuse soit-elle, mais plutôt l’origine du monde entière. Le « commencement » fait écho au premier mot de la Bible. Comme le dit David Mitrani pasteur de l’Église protestante unie de France :
[Jean] nous projette non pas dans les derniers temps du roi Hérode, comme Matthieu, ni dans les premiers de l’administration romaine, comme Luc, mais aux premiers jours du monde. Car pour lui, l’événement concerne non pas le monde des Juifs, non pas même l’empire romain, mais l’univers entier.
Pour nous aussi, cet événement concerne l’univers entier, au plus loin de nous, au plus proche de nous, au plus intime de nous. L’événement Jésus – par-delà l’anniversaire de sa naissance – est un événement cosmique.
Voilà le mystère de Jésus qui est et qui vient : il est la Parole, l’agir de Dieu, qui vient nous rejoindre au plus intime de nos existences et qui dépasse totalement notre entendement. « Recherchez le SEIGNEUR puisqu’il se laisse trouver, appelez-le, puisqu’il est proche. …C’est que vos pensées ne sont pas mes pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins – oracle du SEIGNEUR. C’est que les cieux sont hauts, par rapport à la terre : ainsi mes chemins sont hauts, par rapport à vos chemins, et mes pensées, par rapport à vos pensées. » (Ésaïe 55, 6-9). Parole du Seigneur.
Cette Parole est la lumière qui brille déjà dans l’obscurité croissante du temps présent. Cette lumière, nous sommes totalement incapables de la susciter. Elle n’est produite ni par nos bonnes œuvres ou nos bonnes pensées, ni par nos belles paroles, ni même par nos plus belles prières les plus sincères. Nos prières, nos pensées, nos œuvres et nos plus belles paroles sont pourtant autant de manières de témoigner de la lumière. Ce sont autant de manières d’inviter nos contemporains à se retourner afin de contempler sa lumineuse présence de Dieu… avec nous ici-bas où la nuit nous paraît souvent interminablement longue et si ténébreuse. La lumière brille dans les ténèbres. Noël s’en vient. Joyeux temps de l’Avent mes frères. Joyeux temps de l’Avent, mes sœurs. Amen.
Le 2 décembre 2018 – 1 Avent C18 – Église Unie St-Pierre
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