J’aime particulièrement le personnage de Thomas, le personnage central de l’Évangile que nous venons de proclamer, ce Thomas qui ne connaît pas de demi-mesure. Certains commentateurs bibliques voient dans le nom même de Thomas le Jumeau cette ambivalence du personnage. Il peut être aussi bien un personnage que l’autre. Et c’est peut-être pour cette raison que je l’aime tellement. Thomas, en fin de compte, me ressemble, il nous ressemble tous en quelque sorte. Qui d’entre nous, en effet, peut se targuer d’être tout d’une pièce, sans faille aucune? Nous avons tous nos ambivalences, nous sommes tous des jumeaux à l’intérieur de nous-mêmes. Comme nous pouvons l’être, Thomas est courageux, Thomas est présomptueux, Thomas est audacieux,
mais il peut être pessimiste aussi, il peut être rempli de tous les doutes…
Oui, Thomas, c’est bien le Jumeau, l’ambivalent, ou le double personnage… Thomas doute, il ne veut pas croire sans voir ni toucher… mais Thomas, c’est aussi celui qui proclame sa foi, haut et fort et sans équivoque : « Mon Seigneur et mon Dieu »… après avoir pourtant douté… :
«Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas». (Jn 20, 25)
Oui, le personnage de Thomas me fascine particulièrement par sa ressemblance à ce que nous sommes tous : des personnes d’enthousiasme et de courage en même temps que des personnes de doute et de pessimisme. Comme quoi l’Évangile s’adresse au tout-venant, et non pas, du moins exclusivement, à des êtres d’exception. Le christianisme n’est pas élitiste. La foi chrétienne est offerte à tous avec la même largesse, la même générosité, la même tendresse. Le cœur de Dieu est largement ouvert à tous. Les Thomas qui doutent, les Pierre qui renient… Mais surtout les Thomas et les Pierre qui se laissent approcher par Dieu, rejoindre par Dieu au plus intime d’euxmêmes, tous ces êtres tellement humains, toutes ces personnes tellement fragiles,…
Et la fin de cette péricope de l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre nous montre bien Qui est ce Dieu pour nous tous. Cet Évangile nous montre Qui est vraiment Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous. L’Évangile nous montre de Jésus qu’Il est Celui qui, sans cesse, vient au-devant de nous. Pour nous apporter la Paix, sa Paix véritable. Pour nous apporter la Vie, et sa Vie en abondance. Parce qu’avec Lui, la mort n’a pas le dernier mot… « JésusChrist de Nazareth, celui que (…) Dieu a ramené de la mort à la vie », répète l’apôtre Pierre dans tous ses discours. Ce Jésus Vivant, ce Jésus Ressuscité, ce Jésus ramené de la mort à la vie, c’est Lui qui vient au-devant de nous. «Il se tient à la porte et il frappe; si quelqu’un entend sa voix et ouvre la porte, Jésus entre chez lui et fait chez lui sa demeure…» (Ap. 3, 20) C’est à nous qu’il appartient de répondre, nous les Thomas et les Pierre de notre époque, c’est à nous qu’il appartient de croire à cet Amour inconditionnel ou à douter. C’est à nous les Thomas et les Pierre de notre époque, c’est à nous qu’il revient de nous ouvrir tout entiers à la grâce de Dieu, cette grâce qui est Paix et Joie, Amour et Pardon, Souffle de Vie, Esprit de Dieu dans nos vies.
Dieu ne nous demande que cela au bout du compte. Dieu nous invite seulement à nous ouvrir, à ouvrir la porte derrière laquelle Il se tient. Il ne nous demande pas de transporter des montagnes, Il ne cherche pas à faire de nous des super-héros. Il nous appelle simplement à être de nouveaux Thomas qui réussissent, souvent à tâtons, mais finalement avec force à surmonter leurs doutes pour croire à cet Amour infini de Dieu, à travers la marque des clous dans ses mains et ses pieds, à travers la plaie dans son côté. Oui, l’appel de Jésus à chacun et chacune d’entre nous, c’est de croire à son Amour, à son Amour sans limites, à son Amour jusqu’au bout de Lui-même, à son Amour jusqu’au bout de sa vie. Et si nous croyons comme Thomas, si nous sommes capables de nous écrier comme lui « Mon Seigneur et mon Dieu », nous serons entraînés, emportés, transfigurés, illuminés. Nous pourrons, comme lui, inspirer tant d’autres personnes autour de nous à plus de joie, à plus de paix, à plus d’amour, à plus de vie…
AMEN !
Pierre Nadeau
Deuxième dimanche de Pâques (B)
LECTURES BIBLIQUES
Jean 20, 19-31
Apôtres 4, 32-35
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