On ouvre la télévision, la radio, nos ordinateurs, nos tablettes et nous sommes bombardées de mauvaises nouvelles : l’accentuation des changements climatiques, la multiplication des catastrophes humaines et naturelles, la montée des extrémismes de tout genre, la dégradation de notre filet social, la dépérissement d’institutions sociales, économiques, politiques et religieuses qu’on pensaient indestructibles. Et là, je n’ai même pas parlé des tuiles qui nous tombent dessus dans nos vies personnelles ou professionnelles et qui nous ébranlent jusqu’au tréfonds de notre âme.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Pris dans un tourbillon de mauvaises nouvelles, il fait bon de nous réfugier ici où nous pouvons nous accrocher à du solide. Avez-vous remarqué ? La chaire et les bancs ont même été vissés au plancher. Oui, ici nous pouvons nous accrocher à du solide et, dans le vacarme du monde qui semble s’écrouler autour de nous, tendre l’oreille pour entendre une bonne nouvelle. Et ce matin Jésus nous dit : « Tu vois ces grandes constructions ! Tout ce qui a l’air si solide, si permanent ? Il ne restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit. » Il enchaine ensuite avec sa dernière prédication dans l’évangile de Marc. Avant de nous quitter, Jésus livre un ultime message à ses disciples pour qu’ils soient dans le secret de Dieu : « Vous n’avez pas encore tout vu : faux prophètes, guerres et rumeurs de guerre, nation contre nation, tremblements de terre, famines… » D’aucuns crieraient, « C’est l’apocalypse ! La fin du monde ! »
Dans le vacarme, tendez l’oreille ! C’est là, la bonne nouvelle pour nous d’aujourd’hui. Aujourd’hui, Marc fait parler Jésus sur un ton apocalyptique pour nous révéler une vision du monde. Mais ce que les gens ont tendance à oublier, c’est que Marc n’essaie pas de prédire un avenir inéluctable mais plutôt de souligner l’impermanence du monde actuel. Tout ce que nous construisons pour nous donner l’illusion de la sécurité et de la stabilité n’est pas aussi solide que nous ne le pensons. Tout ce à quoi nous nous accrochons – même nos temples et notre conception de Dieu – tout passe ! Seul Dieu demeure. Immuable ! Dieu est l’Alpha, le commencement. Mais Dieu est aussi l’Oméga, la fin (Apocalypse 22, 12). Tout passe. C’est dans notre fin, que tout recommence. « De la mort, on ressuscite » venons-nous de chanter.
Impossible de saisir l’avenir à pleines mains quand nous nous accrochons de toute notre force au passé. Tout passe. Et plus on s’accroche, plus ça fait mal. Avancer vers de nouveaux horizons nous oblige toujours à laisser quelque chose derrière nous. Tout passe. Et quand ça se passe, c’est toujours déroutant… et très souvent douloureux. La fin d’une relation, d’un emploi, d’un parcours scolaire, de nos illusions, de notre sécurité, de notre santé, d’un mode de vie, d’une vie, peu importe… c’est toujours déroutant… et très souvent douloureux. Même quand il s’agit d’un changement souhaitable et souhaité ; comme quitter sa région ou son pays pour poursuivre ses études, ou suivre son amoureux… ou vendre sa maison, pleine de souvenirs… mais devenue trop grande. Tout passe. C’est toujours déroutant et très souvent douloureux.
Tout passe, mais, disciples de Jésus, nous pouvons crier : « Alléluia ! » Dieu soit loué car, par la grâce de Dieu, toutes nos douleurs, comme les douleurs de la création toute entière, sont des douleurs de l’enfantement. « Nous savons d’autre part que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, qui sont appelés selon son dessein. … Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ?… Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? … Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Autorités, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur. (Romains 8, 22-39).
Frères et sœurs, quand nous avons l’impression que le monde s’écroule sous nos pieds, par la puissance de l’Esprit-Saint, accrochons-nous à du solide : notre Dieu. Dieu fort ; Dieu immuable ; Dieu, notre défenseur en Jésus Christ, notre Sauveur ressuscité. Tout passe. Alléluia. Amen.
Le 18 novembre 2018 – 26e dimanche après la Pentecôte – Saint-Pierre
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