La fête de la Saint-Valentin :
J’ai toujours pensé les dernières années que c’est une fête un peu « quétaine » :
inventée et dominée par les intérêts de la société de consommation –
vendre le plus grand nombre de cartes et de chocolat!
Cette année, en pleine pandémie qui s’éternise,
je dois avouer que je suis plus consciente de l’importance des relations
que nous chérissons.
Oui, il faut se dire et se montrer notre amour!
Nous sommes toutes et tous en manque maintenant –
en manque de relations de partage et de joie,
et en manque de signe d’affection : toucher, embrasser, cajoler.
J’espère que vous avez des personnes signifiantes dans vos vies
et l’expérience de l’amour:
peut-être avec des partenaires, mais aussi avec d’autres membres de vos familles,
enfants, parents, petits-enfants, frères et sœurs;
et, bien sûr, avec des amis!
Je vous souhaite des personnes dont la voix vous fait chaud au cœur;
des personnes dont le regard vous montre que vous êtes appréciés, valorisés.
Des personnes fidèles à travers les hauts et les bas de la vie.
Des personnes vers lesquelles vous pouvez vous tourner
et partager vos joies et vos peines.
Nous en avons tous et toutes besoin!
Car nous sommes faits à partir du tissu de l’amour …
L’histoire biblique que nous avons entendue aujourd’hui nous rappelle que
Jésus aussi avait des proches sur lesquels ils comptaient.
Pendant sa mission c’était ses disciples.
Et à l’intérieur de ce groupe il y en avait quelques-uns
qui formait un cercle plus proche autour de lui.
Pierre, Jacques et Jean sont nommés à quelques reprises dans les évangiles.
Ils ont partagé plusieurs moments privilégiés avec Jésus.
Ainsi, ce sont ces trois qui l’accompagne sur la montagne
où Jésus change subitement devant leurs yeux!
Ils deviennent témoins de sa TRANSFIGURATION.
La façon dont leur expérience est décrite, nous suggère un évènement surnaturel!
Grande lumière, des personnes disparues depuis des siècles qui réapparaissent,
et une voix qui parle du ciel!
Pas surprenant que les trois disciples restent bouche bée ne savent pas quoi dire ou quoi faire!
Mais je ne pense pas qu’il s’agit d’un miracle que Jésus aurait fait pour les impressionner. Il ne s’est pas transformé devant eux –
Jésus est resté essentiellement le même.
Les disciples ont plutôt eu une VISION de sa vraie nature.
Ils ont compris tout d’un coup qui il était. Ils ont eu une révélation!
Et cette vision ou cette révélation a dû changer leur relation avec Jésus pour toujours.
Permettez-moi de revenir un instant à nos histoires d’amour et de la Saint Valentin.
Ne connaissons-nous pas un phénomène semblable de « transfiguration » dans nos relations amoureuses?
Quand nous pensons à deux personnes qui se sentent attirées l’une vers l’autre et qui « tombent en amour »,
n’y a-t-il pas aussi une espèce de transfiguration qui s’opère?
L’autre devient tout à coup le plus beau, le plus gentil, le plus doux du monde!
(Mêmes si nos amis se moquent bien de cette description)
Ou elle est la plus belle, la plus joyeuse et la plus attentive!
Ce n’est pas que la personne elle-même a vraiment changé – c’est que dans le regard de l’amoureux, de l’amoureuse la personne est transfigurée.
Avec les yeux d’un amour naissant,
nous ne voyons que le meilleur de l’autre.
C’est cette vision de l’autre comme ÊTRE EXTRAORDINAIRE et FORMIDABLE
qui nous permet d’oser nous lier et entrer dans une relation à long terme.
Bon, un jour nous devons redescendre de la montagne des nuages roses
et par la force de vivre dans le quotidien,
la vision de l’autre devient plus complexe –
peut-être un peu moins lumineuse;
il peut même y avoir des journées brumeuses à l’occasion.
Mais la première vision reste imprégnée au tréfonds de nous.
Elle nous guide à travers les hauts et les bas d’une longue vie de couple.
Pour Pierre, Jacques et Jean quelque chose de semblable s’est passé dans leur relation avec Jésus. Ils ont eu ce moment de vision
où Jésus leur apparaissait dans une lumière tout autre.
Et dans l’espace d’un instant, ils ont compris qui il était!
Ils n’ont pas juste saisi la grande qualité de l’homme devant eux,
mais sa place dans l’histoire et sa relation unique avec Dieu.
D’abord, il faut comprendre que tout dans le récit de la transfiguration
reprend une symbolique venant du Premier Testament, des écritures hébraïques :
- La montagne est souvent le lieu des rencontres avec Dieu;
l’endroit, où Dieu se fait connaître,
comme quand il a donné les dix commandements à Moïse sur la montagne,
- Et Dieu y apparait aussi dans une nuée – car les êtres humains ne peuvent pas le voir directement
- Dès la création, la lumière est associée à la présence de Dieu;
Dieu rayonne clarté et lumière.
Le psaume 104 dit : Seigneur, mon Dieu, tu es infiniment grand.
Tu t’habilles de splendeur et de majesté,
tu t’enveloppes d’un manteau de lumière.
Maintenant, Pierre, Jacques et Jean sont témoins que
Jésus porte des vêtements lumineux! Il devient resplendissant!
Il n’est pas difficile de tirer la conclusion que
Jésus, est entièrement habité par la lumière de Dieu.
En plus, il y a tout à coup ces deux autres personnes qui surgissent du passé lointain :
- Moïse, figure centrale au début de l’histoire du peuple d’Israël; c’est lui qui a donné la loi et a conclu l’alliance avec Dieu;
- et Élie, le prophète par excellence, dont le peuple juif attend le retour à la fin des temps; son retour est un signe que le règne de Dieu arrive.
C’est tout comme si l’histoire de la foi était condensée en un seul moment.
Toute l’histoire de Dieu avec son peuple est présente pour un instant sur cette montagne – et Jésus en devient la figure centrale.
Il est le représentant de Dieu par excellence.
Déjà, le récit nous démontre ce lien entre Jésus et Dieu très clairement,
mais en plus, Dieu parle et dit : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le ! »
Il confie sa mission à Jésus.
Ces mots sonnent peut-être familiers : ce sont les mêmes mots que Jésus a entendu au moment de son baptême en sortant du Jourdain.
C’est là qu’il a reçu son appel.
L’évangéliste Marc écrit au premier chapitre :
« Au moment où Jésus sortait de l’eau, il vit le ciel s’ouvrir et l’Esprit Saint descendre sur lui comme une colombe. Et une voix se fit entendre du ciel :
‘Tu es mon Fils bien-aimé; je mets en toi toute ma joie.’ »
Le fils bien-aimé – cela veut dire qu’il y a un lien fort.
Il y a pleine confiance! Le fils peut parler et agir au nom du père.
Comment décrire ce lien entre Jésus et Dieu?
L’image du FILS est devenue problématique aujourd’hui,
car nous avons tellement de leçons de biologie et de génétique dans la tête!
Ce n’est sûrement pas par un spermatozoïde divin que Jésus devient « Fils » de Dieu.
Non, je pense que c’est précisément dans la deuxième partie de la phrase que la relation s’explique : Tu es « mon bien-aimé »!
C’est par amour que Dieu choisit le Christ et cet amour constitue leur lien intime, comme un lien de parent et enfant. Une union inséparable!
C’est plutôt une formule d’adoption qu’une formule de conception physiologique.
La seule « quasi-définition » que nous trouvons dans la Bible de Dieu est :
« Dieu est amour » (dans la première lettre de Jean).
L’amour peut seulement se vivre en relation.
Dieu envoie tout son amour sur Jésus – et Jésus le rayonne dans le monde.
Nous savons que l’amour nous change; l’amour nous transfigure!
Il nous rend meilleur, plus près de la lumière de Dieu.
Dieu nous invite à cette lumière :
en Jésus nous devenons tous et toutes « enfants de Dieu », « bien-aimés ».
La voix s’adresse à nous aussi : Tu es mon bien-aimé; tu es ma bien-aimée.
En toi, j’ai confiance. Rayonne ma lumière autour de toi – par ta façon d’être!
Être aimé de Dieu ne veut pas dire que nous avons maintenant la vie facile, juste du bonheur et plus d’obstacles! La vie n’est pas un bouquet de roses …
La transfiguration de Jésus a lieu entre deux annonces de sa souffrance et de son chemin vers la croix. Dans le monde, les peines et difficultés font partie de nos vies.
Mais nous pouvons passer à travers en sachant que nous sommes les bien-aimés et que nous portons la lumière de Dieu au fond de nos cœurs.
Nous avons vu le Christ transfiguré.
C’est l’annonce de celui qu’il est vraiment; de l’amour possible
et l’annonce de qui nous sommes appelés à devenir.
Alors, allons maintenant, Saint-Valentin ou non,
et portons le message de l’amour aux autres autour de nous.
Un commentaire
Merci Angélika pour cette explication heureuse de la transfiguration, un moment de grâce où tout devient clair dans le coeur de ses plus fidèles disciples.