Aller à l’église c’est un choix personnel. Pourquoi avez-vous décidé de venir au temple ce matin, même de façon virtuelle ? Qu’est-ce qui vous a motivé à le faire ? Quels bénéfices escomptez-vous en retirer ?

L’extrait de l’évangile parle du temple, édifice somptueux dédié aux rituels et aux sacrifices requis pour rétablir la communication avec Dieu. Chaque prêtre se tient chaque jour debout pour remplir ses fonctions et offre fréquemment les mêmes sacrifices, déclare la lettre aux Hébreux, concluant par ces mots d’une signification immense pour toute vie religieuse et spirituelle, sacrifices qui sont à jamais incapables d’enlever les péchés.¹ Et Jésus est encore plus catégorique, de ces grandes constructions, il ne restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit.²

Un bâtiment religieux, si beau soit-il, n’est pas en soi un contact avec le sacré. Aucun temple humain, si splendide son architecture, et par extension aucun système politique ou idéologique, aussi brillant en apparence à nos yeux, ne durera au bout du compte. Il est illusoire et néfaste de se laisser subjuguer par ce clinquant et d’y mettre sa confiance. L’Écriture illustre un processus à l’œuvre au long de l’histoire de l’humanité : fissures des constructions, effritement des civilisations, crises multiples encore actuelles, guerres et rumeurs de guerres… nation contre nation…royaume contre royaume; tremblements de terre, famines ; ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement.³

De quoi notre monde va-t-il accoucher ? dans ce tourbillon qu’est-ce qui peut guider nos choix et notre manière de vivre au quotidien ? où trouver le réconfort et l’apaisement, au milieu des tribulations qui affligent notre planète et nos sociétés? Les mots du psaume, depuis des millénaires entendus comme la voix de l’Esprit du Christ qui éclaire l’entendement et guide les fidèles vers Dieu, nous indiquent le chemin et la façon de le parcourir. Dieu j’ai fait de toi mon refuge… Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi… tu tiens mon destin. C’est toi qui me conseilles, même la nuit, ma conscience m’avertit. Je garde sans cesse le SEIGNEUR devant moi, comme il est à ma droite, je suis inébranlable. Ainsi mon cœur se réjouit, mon âme exulte et ma chair demeure en sûreté.⁴

Cette notion de refuge exprime une communion d’intimité sacrée qui bien loin d’isoler le fidèle l’amène à être pleinement disponible aux défis de sa vie présente, porté par l’amour divin. Une expérience spirituelle d’intégration au Corps du Christ qui fait passer de la religion comme système extérieur, à la foi comme relation d’intimité avec le divin au quotidien. À partir de ce refuge nous marchons sur le chemin du Seigneur sous la mouvance de l’Esprit divin. Le Seigneur nous conseille et ne force jamais la liberté de notre choix, de la conscience. Il s’établit ainsi comme un dialogue amoureux, au cœur de la vie spirituelle qui est une boussole, une source de stabilité, de sécurité et de joie.

Le lieu de la présence de Dieu, le Temple, c’est l’humanité de Jésus qui nous intègre dans son corps pour faire déboucher notre vie à la plénitude de l’existence en compagnie de tous les vivants. Nous sommes toutes et tous partie prenante de son Corps. Prenez garde que personne ne vous égare…ne vous alarmez pas⁵. Nous sommes en effet invités à demeurer vigilant et à ne pas paniquer car nous avons ainsi pleine assurance d’accéder au sanctuaire par le sang de Jésus. Nous avons là une voie nouvelle et vivante, par son humanité, un prêtre éminent établi sur la maison de Dieu.⁶

La vie chrétienne est une vie autre, de non-conformisme, de résistance aux valeurs et orientations du monde replié sur son nombril et grisé par ses constructions éphémères. Là repose le fondement de l’engagement pour la justice et la paix, la mission prophétique du peuple élu. Alors, sans fléchir, continuons à affirmer notre espérance, veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux œuvres bonnes, encourageons-nous.⁷

Venir à l’église, c’est faire un mouvement conscient pour exprimer notre désir de Dieu. Et, peu importe le bâtiment où nous nous retrouvons, nous pouvons avoir l’impression d’être déjà en face de Dieu… Et nous le sommes de fait, en face de nos frères et sœurs qui sont le corps du Christ. Toi mon refuge, toi le Seigneur ! Je n’ai pas plus grand bonheur que toi.⁸