C’est ici que je suis venue à la foi…à la confiance en Celui qui a donné un sens à ma vie… celui qui m’aide à comprendre ce que je vis et à m’aligner ma vie sur la volonté de Dieu pour moi. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je suis venue au puits à midi… l’heure à laquelle le monde font leur sieste. Ainsi, j’étais certaine d’être toute seule… de pouvoir éviter ainsi le commérage et le regard méprisant des autres. Comme ça faisait longtemps que j’avais été mise à l’écart… parce que ma vie était… disons… non-conventionnelle… Je préférais venir m’approvisionner… toute seule.

Mais cette journée-là, de loin, j’ai vu que je n’étais pas seule. Il y avait un homme assis au bord du puits. « Que c’est qu’il fait là, lui ? » Mon premier instinct était de rebrousser chemin et d’éviter à tout prix de me retrouver dans une autre situation scandaleuse… moi seule…avec un autre homme. Ça aurait pu être dangereux aussi. Je le sais trop bien. Mais j’avais besoin d’eau. J’avais pas le choix. Alors j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai avancé d’un pas ferme et déterminé pour remplir ma cruche.

« Donne-moi à boire », m’a-t-il dit. Et là je me suis dit, « Que c’est qu’il veut lui ? » Par son accent, je savais que c’était un Juif. Et les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains. Parce que notre façon de concevoir et de rendre un culte à Dieu est différente de la leur, nous sommes considérés comme des infidèles, des impurs. Et tout ce que nous touchons est impur par association. Que faire ? Comment comprendre cette main tendue malgré les barrières sociales et religieuses qui nous séparaient ? « Toi, un Juif, tu demandes à boire à moi une Samaritaine ?  Et lui de répondre, « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit, ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donne de l’eau vive ». « T’as même pas de sceau et le puits et profonds. Où c’est que tu vas aller chercher cette eau vive ? » ai-je rétorqué. Et il ma répondu, « Quiconque boit de l’eau de ce puits aura encore soif mais ceux et celles qui boivent de l’eau que je donnerai n’auront plus jamais soif. Au contraire l’eau que je leur donnerai deviendra en eux une source jaillissant en vie abondante.

Bon, c’est sûr que sur le coup, je ne comprenais vraiment pas ce que tout ça pouvait signifier mais il y avait quelque chose de si authentique, si VRAI en lui, que ça m’a donné le goût de creuser davantage ses propos : « Donne-moi de cette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir puiser ici. »

Et c’est ainsi qu’a débuté un échange qui a transformé ma vie. Et c’est au cours de cette conversation que j’ai compris que le dialogue est essentiel à la croissance spirituelle. Ce n’est que lorsque nous sommes confrontés à d’autres façons de voir que notre vision du Dieu et de son royaume peut s’élargir. Dans mon cas, mes échanges avec cet homme – Jésus de son petit nom – m’ont permis de comprendre qu’il n’était pas qu’un prophète. Dans l’intimité de ce cœur à cœur avec Jésus… petit à petit… j’ai saisi que… ce qu’il voulait m’offrir, c’était une vraie libération… et non seulement d’une corvée fastidieuse.

Lorsqu’on s’approche de Jésus, il sait venir nous chercher. Il sait libérer ce qui est enfui au plus profond de nous… pour faire jaillir la vie… au delà de ce que nous pouvons même imaginer. Tout devient possible. On peut balayer notre vie passée, tout recommencer. On peut refaire sa vie… et le monde. Jésus savait tout sur moi. Il savait des choses que Dieu seul pouvait savoir mais j’ai senti qu’il ne me jugeait pas. C’était n’était pas mon passé qui lui importait…c’était mon avenir…ce que je pouvais devenir par la grâce de Dieu.

Je n’aurais jamais cru que je serais un jour Évangéliste… mais c’est ce que je suis devenue. Oui, en partant ne voulait pas parler de mon expérience. De toute façon… qu’est-ce que j’aurais pu dire ? Comment expliquer ce que cette rencontre signifiait pour moi, l’impact que ça avait eu sur moi ? De plus, j’avais peur que les autres se moquent de moi en disant, « Tu crois à ça, toi ? »

Mais, au bout du compte je n’avais pas à m’en préoccuper. C’est venu tout seul. Ceux qui me connaissaient voyaient tout de suite que quelque chose avait changé. Ils me regardaient aller et ils me disaient : « Que c’est t’as bu pour être pleine de vie et pétillante de même ? » Et je ne pouvais que répondre par une confession de foi… hésitante… mais une confession de foi tout de même.  « Venez voir un homme qui sait tout sur moi. Les coches mal taillées de mon passé… mes doutes et mes remises en question actuels… et tout mon potentiel pour un avenir meilleur, une vie au delà de mes aspirations. Ça se peut-tu qu’il soit le Christ? Celui que Dieu avait promis de nous envoyer pour nous libérer de tout ce qui nous sépare de lui et de la vie de plénitude pour laquelle nous avons tous et toutes été créés ? »

Comme je l’ai dit, c’était une confession de foi… hésitante… chancelante… mais c’était suffisant pour donner à d’autres le goût d’aller boire de cette d’eau vive que j’avais découverte. S’ils ont fini par croire en Jésus, je sais qu’ultimement, ça n’est pas à cause de moi. C’est parce que, par la grâce de Dieu, ils ont trouvé en Jésus ce qu’ils cherchaient : une source jaillissant en vie abondante. Et j’imagine que si vous m’avez suivi jusqu’ici, c’est parce que vous aussi vous avez soif… soif de quelque chose qu’on ne trouve pas au fonds d’un puits. Soif de vie, de paix, de justice, peu importe, ne cherchez plus. Approchez-vous de Jésus… buvez à long traits à l’eau qu’il nous offre… pour la gloire de Dieu…et le salut du monde. Amen.

Par Darla Sloan
19 mars 2017 – 3 Carême A – Église Unie Saint-Pierre

LECTURES BIBLIQUES
Psaume 42, 1-6
Jean 4, 4-30 & 39-42