C’est l’été. Les journées sont plus longues et on a l’impression d’avoir plus de temps, n’est-ce pas? Et particulièrement, plus de temps pour savourer toutes les bénédictions qui sont nôtres, par la grâce de Dieu. C’est temps-ci, chez moi, nous passons pas mal de temps dans notre cour. Moi, j’essaie de profiter « au max » de la piscine municipale à un coin de rue de chez nous. Je suis (nous sommes) conscients et reconnaissants d’être tellement bénis. Il n’y a pas une journée où on ne remercie pas le Seigneur d’habiter une maison plus que confortable – une maison qui serait une véritable palace pour la vaste majorité de la population mondiale. Notre quartier est tranquille. Nous vivons en paix avec nos voisins et n’avons pas connu la guerre ou la famine. Oui, j’ai traversé des « bouts roughs » dans ma vie… comme tout le monde… mais là, ça va pas mal bien, je trouve. Je suis tellement reconnaissante et je ressens une obligation de faire quelque chose pour rendre grâce à Dieu… car je sais que tout ce que nous avons, nous l’avons par la grâce de Dieu. Je n’ai rien fait pour mériter cette vie abondante qui est mienne. C’est Dieu qui m’a confié tout ce que j’ai et je veux témoigner de ma reconnaissance.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
En lisant l’extrait du deuxième livre de Samuel pour aujourd’hui, je me suis dit que c’est sans doute ce que ressentait le roi David quand il a pu s’installer dans sa maison et trouver enfin la sainte paix. Il devait se sentir particulièrement béni. Il n’était qu’un simple berger, Dieu a fait de lui un roi d’une grande renommée. David sait – et le prophète Natan le confirme – que Dieu a été avec lui partout où il est allé. Et David veut faire quelque chose… quelque chose de grand… pour bénir Dieu qui est si grand. David a sa maison, ne serait-il pas juste et bon que le Seigneur ait sa maison, un temple à lui ? Et la réponse, c’est non. Dieu qui a tout créé, Dieu qui est notre refuge de génération en génération n’a pas jamais demandé qu’on lui construise un temple.
De nos jours, il y en a qui prétendent que nos temples sont la source de bien des maux (et certainement de bien des maux de tête) dans l’Église. Peu importe la confession, il n’y a guère une paroisse qui ne se pose pas la question, « Que faire de notre bâtiment, construit dans le temps où nos églises débordaient, maintenant que les pratiquants-es se font de plus en plus rares et que les réparations majeures sont de plus en plus urgentes? » S’il y a de la construction autour de nos temples, c’est pour les transformer en condos, en bibliothèques, en salles de spectacles. Et tous ces travaux sont tellement accaparants (pensez à tout le temps et l’énergie que cela a pris pour faire rénover le petit temple de l’Église Unie Pinguet). Tous ces travaux sont tellement accaparants qu’on n’a guère le temps pour collaborer à l’œuvre de Dieu : la création d’un monde de justice, d’équité et de vie abondante pour la création toute entière. Peut-être ont-ils raison ces gens qui disent que tous nos problèmes tiennent de nos bâtiments et que ce serait une vraie bénédiction s’ils passaient tous au feu! Moi-même je l’ai déjà dit.
Les Écritures d’aujourd’hui l’affirment : Dieu n’a pas besoin d’une maison, d’un temple. Notre Dieu chemine avec nous. Le Seigneur est éternellement sur la route avec nous… au cœur de nos combats comme de nos temps de repos. L’Éternel ne sera pas confiné à nos structures. Dieu ne se laissera enfermer ni dans nos lieux de culte construits de briques ou de bois, ni dans nos Manuels, nos procédures et nos pratiques fabriqués de toutes pièces. La lettre aux Éphésiens l’affirme, habités par l’Esprit, Dieu demeure en nous. Ensemble nous formons le seul temple dont Dieu a besoin : le peuple qui constitue l’Église et qui est appelé à célébrer la présence de Dieu, pour aimer et servir les autres, pour rechercher la justice et résister au mal.
Pourtant, si Dieu n’a pas besoin d’un temple. Nous, son peuple, nous en avons besoin, n’est-ce pas ? Une tente, ça suffisait peut-être dans le désert du Sinaï entre l’Égypte et Jérusalem mais c’est moins ça pour rassembler du monde au Québec n’est-ce pas ? Pour célébrer ensemble la Présence de Dieu, nous avons besoin d’un abri chauffé et mieux isolé. Nous avons besoin d’un lieu accueillant pour les chercheurs et les chercheuses de Dieu. Oui, on peut louer Dieu n’importe où, mais quelqu’un qui « magasine » une communauté de foi trouverait sans doute un culte dans une maison privée un peu, pas mal intimidant comme premier contact. Et un culte dans un centre communautaire… ou un centre d’achat… pas tellement inspirant comme ambiance.
Nous avons besoin de temples, de lieux de rassemblement et de ressourcement, d’inspiration et d’exhortation. Et pas uniquement pour rendre un culte à Dieu. Cette semaine, je suis tombée sur un article qui disait que partout en occident, la fermeture et la conversion des bâtiments d’Église cause des « dommages collatéraux ». Partout il y des garderies, des friperies, des troupes de scouts, des clubs de l’âge d’or, des organismes communautaires de toutes sortes qui, comme l’Église, tentent de bâtir un monde plus juste et plus solidaire, et qui se trouvent à la rue quand un lieu de culte ferme ses portes. Dans bien des communautés, la perte d’un temple signifie non seulement la perte d’un lieu de culte mais la perte d’un réseau social, d’un lieu d’entraide et de liens de confiance.
En fin de compte, ce n’est pas parce qu’on a un lieu de culte que Dieu ne demande rien d’autre de nous… et ce n’est pas parce qu’on n’en a pas un que Dieu ne viendra pas à notre rencontre. Notre Dieu est un Dieu de rencontres… c’est-à-dire de relations. Et c’est Dieu qui prend l’initiative de la rencontre, de la proximité. Aujourd’hui, Dieu affirme que c’est lui qui donnera une maison à David et non l’inverse. Et Dieu lui donnera plus qu’une maison, en fait. Dieu lui donnera une maisonnée… une descendance, une famille. Pour Dieu, ce sont les liens qui nous unissent comme enfants d’une même famille, une même maisonnée, qui importe. Dieu va bâtir une maison non pas de bois ou de pierre mais une maison de chair! Ce que Dieu désire, c’est être un Père pour la descendance de David. Dieu donne à David et à sa descendance une place dans l’histoire du salut, l’histoire d’amour entre Dieu et son peuple, ce qui vaut bien plus qu’une belle cour dans un quartier paisible.
C’est ce que Dieu nous offre de plus précieux, à nous toutes et tous, une place dans sa maison, sa maisonnée; une place parmi ses enfants. Une place dans l’histoire de Dieu et son monde. Son monde, Dieu l’aime tant que Dieu n’en pouvait plus d’être séparé de nous. Dieu est venu « planter sa tente parmi nous » (Jean 1, 14). En Jésus Christ, Dieu est avec nous dans nos luttes comme dans nos temps de repos. Le Christ nous unit comme membres d’une seule et même famille humaine. C’est grâce au Christ que « les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons l’accès auprès du Père. Ainsi, nous sommes de la famille de Dieu. Le Seigneur demeure en nous. (Éphésiens 2, 18-21). Notre relation avec Dieu et les uns avec les autres, voilà ce que nous avons de plus précieux. Car ce sont ces relations qui nous soutiennent quand on traverse les bouts roughs. Et si on peut remercier Dieu tout seul dans son coin… pour que ce soit une vraie célébration, il faut au moins être deux ou trois, non ? Dieu nous a fait le plus beau cadeau, Dieu nous a donné une famille. Nous ne sommes pas seuls… même si nous sommes veuf / veuve ou célibataire, orphelin ou enfant unique.
Dans un monde où beaucoup souffrent de solitude, notre famille, tissée de liens d’amour divin et de solidarité fraternelle, voilà ce que nous avons de plus précieux à offrir pour rendre grâce à Dieu qui a pris l’initiative, en Jésus Christ, d’être avec nous aux cœurs de nos luttes et de nos temps de paix. Nous qui sommes tellement bénis…mêmes dans nos moments les plus difficiles… rendons grâce à Dieu qui aime tellement son monde. Offrons à Dieu ce que nous avons de plus précieux… et la seule chose que Dieu demande de nous : une maisonnée, une seule famille universelle, liée par les liens de l’amour fraternel, de la sollicitude solidaire, une famille tricotée serrée de sorte que personne ne soient exclue de la vie abondante qui est nôtre en Jésus Christ et par la grâce de Dieu. Amen.
Le 15 juillet 2018 – 8e dimanche après la Pentecôte – Église Unie Pinguet
2 commentaires
Darla, merci pour ton sermon.
Inspirant et tellement vrai !
Bon mercredi.
Marie-Andrée
L’Église a toujours grandi et prospéré quand elle répondait aux besoins réels du monde… même à des époques où l’Église a été minoritaire ou persécutée. Je crois que, plus que tout, le monde d’aujourd’hui a besoin d’une Église de rencontres authentiques avec Dieu et avec les autres. Et c’est justement ce que l’Église a de plus précieux à offrir au monde, par la grâce de Dieu.