Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit.(Galates 5,25)
Les textes de ce jour mettent en relief les exigences de la vie chrétienne. L’évangile de Luc les formule dans la perspective du temps où Jésus allait être enlevé du monde, alors qu’il prend résolument la route de Jérusalem ; une sorte de marche sacrée, initiatique dirait-on dans certains cercles, sous l’Esprit divin, fidélité à son destin, la voie du Père, le cheminement d’une existence qui conduira à la Passion et la mort, étapes incontournables préalables à l’accès à la plénitude de vie de la Résurrection. Ici, Jésus réfute toutes les réserves plausibles les bémols légitimes, les objections que des apprentis disciples lui présentent. Hier comme aujourd’hui, il y a de quoi faire rebrousser chemin à plus d’un. À moins que…
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
La lettre aux Galates quant à elle est, à sa manière, tout aussi cinglante mais elle nous fournit peut-être la raison de cette attitude catégorique et tranchante de Jésus : pour que nous soyons vraiment libres Christ nous a libérés […] que cette liberté ne donne toutefois aucune prise à la chair […] ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair. Il importe ici de préciser le terme « chair » : il ne s’agit aucunement de mépriser ni de rabaisser la vie corporelle qui est la nôtre et que nous affirmons plutôt être temple de Dieu qui s’est fait chair. Ici, Paul décrit au moyen d’exemples de comportements concrets, une tension qui existe en tout être humain : entre une orientation spontanée, première, d’une existence repliée sur elle-même, égoïste dans la satisfaction des besoins, avide dans ses appétits insatiables et égocentrique dans ses relations aux autres, à la société, à Dieu – ce qui est nommé la chair et les œuvres qu’elle produit; il la met en contraste avec une autre orientation, essentiellement suscitée par l’Esprit divin donc pas le résultat de nos simples efforts, mais bien une impulsion de l’Esprit qui renouvelle nos comportements, nos valeurs et nos aspirations, et qui produit une fécondité de bienveillance, d’altruisme et de piété authentique, les fruits de l’Esprit.
Lorsque les disciples Jacques et Jean souhaitent punir le refus des Samaritains pour que le feu tombe du ciel et les consume, Jésus les réprimande car leur emportement n’est pas un fruit de l’Esprit mais une œuvre de la chair. La radicalité de la vie du Règne de Dieu devrait avoir préséance sur toute réalité actuelle, même celles qui, à première vue, semblent normales voire vertueuses (avoir un lieu de résidence, s’occuper de ses proches). Pourquoi ? Parce que sans ce renouveau, sans le don de l’Esprit qui nous octroie la liberté véritable acquise pour nous tous et toutes par la fidélité de Jésus, de la croix à la Résurrection, sans cette impulsion de l’Esprit comme moteur de notre existence, nous ne parvenons pas à la plénitude d’amour et de vie que Dieu souhaite pour nous de toute éternité, nous demeurons esclave de la chair, de la nature humaine, terrestre séparée de l’influence divine et de là prompte au péché et à l’opposition à Dieu. Jésus agit ici comme les grands maîtres spirituels : il va jusqu’à rudoyer ceux qui veulent être ses disciples pour les faire basculer, corps et âme, dans une autre réalité, les conduire à l’éveil spirituel qui est dans le cas présent l’accueil de la grâce imméritée, authentique : c’est à la liberté que vous avez été appelés […] par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres […] marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire.
Les comportements de péché font obstacles aux mouvements de l’Esprit ; ils désensibilisent à l’amour fraternel et nous enferment subtilement en nous-mêmes, nous coupant ainsi de notre relation authentique à Dieu, donc de notre véritable nature. Du point de vue spirituel, c’est l’esclavage et la mort. Le retour au Christ et à la liberté acquise par sa vie offerte pour le monde, mouvement de l’Esprit, nous permet de tenir ferme et de ne pas nous remettre sous le joug de l’esclavage. Recherchons inlassablement les fruits de l’Esprit en nous qui rendent douces et accessibles ces exigences ; marchons à notre tour à la suite de Jésus, en le redécouvrant toujours neuf et étonnant, dans la Parole et les sacrements, avec le soutien et l’amour de la communauté ; poursuivons notre marche vers Jérusalem, le règne de Dieu, l’avènement d’un monde conforme au projet divin de paix et d’abondance pour tous et toutes. Que la vie nouvelle du Ressuscité soit nôtre un peu plus chaque jour et, par sa grâce et sa fidélité, pour toujours. Marchons sous l’impulsion de l’Esprit. Amen.
Par Denis Fortin, pasteur
St-Pierre / 6e Dimanche de Pentecôte « C » / 26 juin 2016
LECTURES BIBLIQUES
Galates 5, 1. 13-25
Luc 9, 51-62
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