Vous savez, Noël est un moment de réjouissance pour plusieurs d’entre-nous… mais, pour d’autres, c’est aussi un moment anxiogène. Pour ceux-là, une simple réunion de famille s’avère une épreuve. Certains et certaines, pour toutes sortes de raisons, broient du noir avec ces pensées qui vont et viennent à leur esprit: « Qu’est-ce qui va se passer ce soir? Qu’elle chicane va encore arriver? » Rien de plus compréhensible! Noël, c’est LE moment où les familles se retrouvent entre-elles avec tout ce qui peut les diviser.
Pensons-y une minute. Chacune compte parmi-elle plusieurs types de personnalités tantôt conventionnelles, tantôt exotiques. Quelques exemples peuvent nous venir à l’esprit. Noël, c’est le moment entre-autre de revoir un vieux papa un peu trop conservateur ou placoter avec une belle-mère comme on les aimes. C’est aussi l’occasion de revoir un mononcle un peu aigris, une matante originale pour qui la christologie signifie l’étude des cristaux magiques. Je vous épargne les autres archétypes qu’on retrouve dans nombre de familles le 24 décembre au soir. Mais… Quant on y pense bien, il y a de quoi s’étonner ! Une fois par année, contre toutes attentes, on se retrouve dans une ambiance étonnamment calme. Toutes les planètes semblent s’aligner pour que tous et toutes s’entendent moindrement. Du moins, mieux que les autres journées!
On pourrait se demander avec raison comment ça se fait! Comment s’opère cette unité des individus qui, comme des étoiles plus ou moins rapprochées, deviennent alors des constellations ?
Par expérience, il y a toujours, dans toutes les familles quelqu’un qui rapproche et unit les différents individus qui paraissent irréconciliables. Ces « réconciliateurs » que vous pouvez peut-être identifier dans vos propres familles agissent en quelque sorte comme des bergers. Guidées par on ne sait quels anges, ces gens-là réussissent à leurs manières à mettre de l’harmonie et de l’unité là où il y en aurait pas nécessairement à première vue. Remarquez toutefois qu’il n’y a pas d’âge non plus pour être cette personne-là. Vous le savez autant que moi: un beau bébé fraîchement arrivé dans une famille, ça attire tous les regards et déjoue habituellement toute tension! Sans ces bergers, ces anges ou petits bébés, Noël rimerait pour plusieurs familles avec bordel.
Parlant de bordel! Il y a plus de 2000 ans, on ne peut pas dire que la Sainte Famille était parti pour un Noël sans accrochage. Parlons-en de Marie et Joseph, tous les deux pris pour retourner à Bethléem pour une maudite histoire de recensement que personne ne voulait. Si on n’aime pas faire des détours inutiles en décembre, voilà que la situation empire pour eux-autres: notre petite sœur, Marie, perds ses eaux. Quand on lit rapidement le récit de la Nativité, on peut se dire « Ah, que c’est une belle histoire ! » Mais… mettons-nous à leur place un instant et avouons que ce n’est pas trop le genre de vacances de Noël qu’on aimerait vivre. Seuls, pris sur une autoroute. Les seuls hôtels qui restent sont pleins à craquer. Impossible d’y passer la nuit et encore moins de donner naissance dans des conditions acceptables. Ça vous donne pas la chair de poule à vous-aussi?
Et oui, ça allait pas bien du tout pour la Sainte Famille qui s’est retrouvée seule, forçant Jésus à voir le jour dans une crèche et, qui plus est, être placé dans une mangeoire pour le bétail. Si on se mettait à leur place, c’est le genre de Noël qu’on trouverait pas mal triste. C’est Noël à même la rue.
Toutefois, par sa grâce, Dieu arrange bien les choses! Alors que Jésus voit le jour dans une famille séparée des autres et quasiment dans la rue, le Seigneur envoi ses messagers. Ceux-ci captent l’attention de quelques individus sans histoire et sans lien apparent avec la Sainte Famille. Des bergers et bergères faisaient paître leurs troupeaux lorsqu’ils entendirent pas n’importe-laquelle des invitations: se rendre à Bethléem pour rencontrer un couple dont le jeune enfant serait le Christ, c’est-à-dire celui qui est oint, choisi par Dieu. De cet enfant dépendra la suite de leur histoire et de la nôtre comme peuple. On ne s’en rend pas tout-à-fait compte sur le coup, mais la présence des bergers et bergères auprès de Jésus a ce quelque chose d’une réunion de famille improvisée. Une famille non pas nécessairement liée par le sang, mais une famille où chaque individus est appelé à se faire prochain. Par une rencontre inattendue, des liens se créent et la promesse de Dieu se réalise. « Un enfant nous est né, un fils nous est donné. » Par lui et en lui s’opéra une grande réconciliation…
Ceux qui étaient en toute évidence laissés à eux-mêmes dans un monde froid et divisé se retrouvent rassemblés par la grâce de Dieu qui rassemble son peuple. Un vrai miracle, si vous me le demandez. Ce qui était séparé se rassemble alors, permettant l’avènement d’une nouvelle famille où chacun et chacune devient frères et sœurs. Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que nos drôles d’invitées sont des bergers. Être berger ou pasteur, vous le savez, est une vocation consistant à prendre sous sa responsabilité un troupeau, une collectivité donnée. Sous les bons soins d’un bon berger, les individus quo-habitent harmonieusement et ne forment qu’un seul troupeau, une seule et même famille.
Mais, outre ces fameux bergers, on ne pourrait mettre de côté l’importance du petit Jésus dont le rôle est ici primordial! Alors que, en présence de leurs troupeaux, les bergers se joignent à Marie et Joseph, ils se retrouvent tous et toutes autour de cet enfant qui attire à lui tous les regards et tous les cœurs (tient, ça peut nous rappeler quelques expériences en famille, ça!) Il est ce « réconciliateur » par qui Dieu manifeste son amour et son soutient à l’humanité qui a tant besoin d’être restauré dans son unité. Par cet enfant nouveau-née, tous les individus ou groupes, bergers comme parents se retrouvent miraculeusement unies et participatifs à l’histoire du salut. En d’autres termes, à travers Jésus en qui nous plaçons notre confiance et notre espérance, Dieu rassemble ce qui était disparate.
Il y a décidément un miracle dans le récit de la Nativité… tout comme dans le récit de Noël de nos familles parfois divisées. Et oui, en ce jour où Jésus est née, en ce moment où nous accueillons cet enfant au milieu de nous, il nous est donné de célébrer la vie en toute unité, et ce, malgré les ténèbres de notre monde ou nos divisions interpersonnelles.
Rendons grâce au Seigneur! En Jésus, il accomplit sa promesse. Il continue de l’accomplir en nous, dans chacune de nos familles respectives, mais aussi parmi l’Église, cette communauté de disciples dont nous faisons intégralement partie.
Amen
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