« Un esprit sain dans un corps sain », dit l’adage. On a beau vivre dans une société laïque, le lien entre notre spiritualité et notre santé physique semble faire dorénavant partie de notre conscience collective. On le voit partout autour de nous: publicités où l’engouement généralisé pour le yoga est utilisé pour vendre toutes sortes de produits – dont une série de pub très drôles pour le yogourt Nestlé ; des articles dans la presse sur l’utilisation grandissante de la méditation en salle de classe pour améliorer le comportement et les résultats scolaires des élèves. L’émission Second regard a même fait un reportage sur la Faculté de médecine de l’Université de Montréal qui propose maintenant des séances de méditation pour contrer le stress et le burn-out des étudiants. L’idée que l’activité spirituelle – autant que physique – contribue au bien-être ne semble faire plus de doute. Elle augmenterait notre force intérieure, notre résilience, notre capacité de faire face aux défis et de surmonter les difficultés de la vie moderne.
Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Vous pouvez cliquer sur les liens pour lire les extraits. |
Cours de Yoga, de méditation… il y en a partout. Très difficile de trouver des études bibliques, par contre… même dans nos Églises protestantes. Et pourtant… pourtant… il y a du stock dans ce livre ! Il y a de quoi révolutionner… ou « réformer » devrais-je dire… nos vies… ainsi que le monde dans lequel nous vivons. Prenons la vie de Luther, par exemple. C’était en méditant l’épitre au Romains – et deux versets en particuliers (Romains 1, 16-17) que Luther a compris que c’est par la foi que nous sommes justifiés. Par la grâce seule, nos vies s’ajustent sur la volonté de Dieu. Cette expérience personnelle de conversion où Luther se sent « un homme né de nouveau » transforme non seulement la façon dont il voit l’ensemble des Écritures, et sa propre discipline spirituelle, mais aussi le cours de l’histoire du Christianisme occidental en révolutionnant notre façon de voir notre rapport à Dieu.
Oui, par la grâce de Dieu, la Bible a le potentiel de convertir des cœurs, transformer des vies et le monde en nous donnant, comme c’était le cas pour bon nombre de nos ancêtres dans la foi, la force, le courage et la résilience de relever des défis, surmonter des obstacles et tenir bon au milieu des tempêtes qui nous assaillent. Mais attention ! Il ne suffit pas de lire le livre. Il faut le manger. Luther ne lisait pas les Écritures ! Il en mangeait… comme d’autres le faisaient avant lui !
Manger les Écritures, ce n’est pas seulement savoir des choses sur la Parole : le contexte dans lequel les différents livres de la Bible ont été écrits, et ainsi de suite. Ce n’est que ces choses-là ne sont pas importantes, essentielles même. C’est juste que ce n’est pas suffisant. Manger le livre, c’est savourer, mastiquer, ingérer, assimiler la Parole ; l’intégrer au plus profond de notre être. C’est la métaboliser de sorte qu’elle soit utile à la vie quotidienne ; qu’elle nous fortifie, nous soutienne, nous permette de grandir en santé et nous épanouir. Ézéchiel a mangé la Parole de Dieu et a trouvé le courage de livrer un message qui risquait de soulever la grogne de ses contemporains. Jésus vivait de toute la Parole sortant de la bouche de Dieu et, même affamé dans le désert, il avait la force de résister aux tentations qui nous guettent toutes et tous. Et d’autres après lui ont, eux aussi, « mangé le livre » contentant les paroles de Dieu (Apocalypse 10, 8-11).
Il est vrai que pour un néophyte, ça peut être indigeste. J’entends souvent les gens me dire : « J’essaie de lire la Bible, je lis quelques versets mais je n’y comprends rien. Pas capab ». Mais comme n’importe quelle nourriture, il faut apprêter la Parole. Bernard Ménard, prêtre oblat, ancien directeur du CVL et du Sanctuaire Notre-Dame du Cap a su préparer un vrai délice avec la Parole. Tanné de voir des Bibles offertes en cadeau de confirmation ou de première communion, visiblement à peine ouvertes, s’empiler dans les magasins de livres usagés, il a écrit, Et si l’amour était le plus fort… pour rendre la Parole plus appétissante pour ceux et celles qui s’y initiaient. Les versions françaises et anglaises sont en rupture de stock depuis des années.
Pour rehausser le tout, on peut toujours ajouter un bon commentaire à notre goût… comme des épices agréables à notre palais. Et c’est toujours plus agréable de manger en bonne compagnie ! L’important, c’est d’en consommer davantage. Car plus on en mange, plus on en a le goût… et plus on risque de ressentir les bienfaits de nos bonnes habitudes en nous et autour de nous : courage, force intérieure, verre d’eau offerts, gestes de solidarité, guérison de notre vie et de notre planète, audace dans l’annonce de l’Évangile, bonne nouvelle pour toutes et pour tous.
Ne me croyez pas sur parole. Fiez-vous aux témoignages de vos frères et sœurs. Est-ce qu’il y en a ici qui ont déjà eu une expérience semblable à celle de Luther ou d’autres ? Souvenez-vous d’un moment où un ou plusieurs versets bibliques sont venus vous réconforter ? Vous fortifier ? Vous donner de l’énergie et de l’élan pour aller plus loin sur le chemin du Christ ?
Et si on essayait tous ensemble de multiplier ces expériences ? Pourquoi ne pas faire de cette année avant les 500 ans de la Réforme et les 30 ans St-Pierre, une année de « mise en forme », une réforme de notre communauté de foi, si vous voulez, par une consommation plus intense de la Parole ? Qui sait quel impact ça pourrait avoir sur nous et sur le monde autour de nous ? Allez, par la grâce de Dieu, quelques petites bouchées de plus pour chacun-e de nous… pour vivre et revivre par la Parole. Amen.
Par Darla Sloan
30 octobre 2016 – Dimanche de la Réforme – Église Unie St-Pierre
LECTURES BIBLIQUES
Ézéchiel 2,8 – 3,10
Matthieu 4, 1-11
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