Voyageons léger

Église Unie St-Pierre et Pinguet https://www.stpierrepinguet.org/wp

Hé oui… même si la température des dernières semaines faisait plutôt penser à l’automne… c’est l’été… le temps des vacances… des voyages qui nous permettent de changer d’air… de voir du pays…de nous ressourcer. Et là, qu’il s’agisse de deux jours en camping ou de deux semaines en Europe… il faut faire nos valises. Voyagez-vous léger ? Vous est-il déjà arrivé de préparer vos bagages avec soin et ensuite de constater, au terme du voyage, que vous avez trainé des articles dont vous ne vous êtes jamais servis ? Maintenant, imaginez ce que ce serait, voyager comme Jésus nous appelle à le faire ce matin. Partir pour une période indéterminée…Dieu sait où… avec seulement un bâton, une paire de sandales et une seule chemise…sans provisions, ni argent, ni vêtements de rechange. Tu parles de « camping sauvage » !

Les extraits de la Bible inspirant cette réflexion sont donnés à la toute fin de la prédication. Afin de l’apprécier pleinement, il est préférable de lire, au préalable, les textes bibliques dans la version TOB, accessibles via le site http://lire.la-bible.net/.

Et pourtant… il serait peut-être plus exact de parler de camping céleste…de la vie telle qu’elle sera quand la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme au ciel. C’est à cette vie de justice et d’équité… de simplicité volontaire et de confiance… c’est à cette vie que Jésus nous appelle dès aujourd’hui. En acceptant de partir, dès aujourd’hui, avec le strict minimum, les disciples de Jésus goûtent à la liberté de savoir que nous pouvons toujours compter sur Dieu – une liberté qui se vit ici et maintenant lorsque nous apprenons à compter les uns sur les autres.

Voilà, un défi de taille que l’Évangile nous lance aujourd’hui. Mon soupçon, c’est que pour la majorité d’entre nous – même si nous ne voyons pas toujours comment faire pour accomplir notre mission chrétienne – nous n’avons pas de difficulté à accepter que Jésus nous envoie combattre les forces du mal et apporter la guérison à notre monde blessé et meurtri. Pourtant, il ne nous est pas si facile d’avouer que nous avons besoin des autres. Dès notre très jeune âge, on nous apprend à être indépendants… à payer notre part… à voir à nos affaires et à être fiers de ce que nous avons accompli tout seuls. Il nous est naturel de vouloir raconter nos bons coups, nos plus grands exploits personnels. On valorise ceux qui sont prévoyants. On félicite celles qui font preuve d’initiative et de débrouillardise, les gens qui sont capables de planifier et d’anticiper… comme des scouts : toujours prêts, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent. Ainsi, nous trainons beaucoup de bagages… littéralement et métaphoriquement. Mais lorsque nos mains sont pleines de choses dont nous pourrions nous passer (ces livres, objets et vêtements que nous trainons d’un endroit à l’autre au cas où, tout comme notre orgueil et nos insécurités) il est plus difficile les ouvrir pour saisir la seule chose qui compte… la seule chose qui suffit vraiment : la grâce de Dieu qui nous est offerte en Jésus Christ, dans la communauté de ses disciples.

En les envoyant deux par deux équipés du strict minimum, Jésus crée un contexte où ses disciples peuvent apprendre l’importance du partage des responsabilités et de la mutualité dans la communauté des fidèles. C’est en apprenant à recevoir tout en donnant aux autres que nous construisons un monde d’équité et d’égalité pour tous et toutes. C’est lorsque nous abandonnons nos illusions d’autosuffisance que nous voyons que chacun et chacune a une contribution importante à faire dans l’accomplissement de notre mission collective. Nul besoin faire cavalier seul, de trainer des valises ou des portefeuilles bien bourrés pour partir à la suite du Christ.

Pour mieux cheminer ensemble, Jésus nous appelle à laisser derrière nous, tout ce qui pourrait ralentir notre démarche… même la poussière de nos sandales. Secouer la poussière de ses pieds est un geste de rupture qui signifie que les disciples ne doivent rien aux gens qui ne veulent pas les recevoir. C’est aussi être soi-même libéré de tout attachement à ce qui est derrière nous, dégagés de la rancune, du ressentiment qui nous freine et nous emprisonne. Je vois la poussière comme tous ces irritants qui peuvent ralentir ou même carrément arrêter notre démarche en tant que disciples – nos déceptions, nos frustrations, notre colère, notre étonnement devant le peu de succès que nous semblons avoir. Même Jésus semble avoir été parfois déçu du fruit de ces efforts ! Mais franchement, même là où il ne peut faire aucun miracle, il guérit quelques malades ! Faut croire qu’il est très humain de ne pas saisir toute la portée et l’influence de notre passage dans la vie des autres !

L’Évangile de ce matin nous rappelle que la grâce de Dieu est garant, non pas de notre « succès » mais de notre foi – cette confiance qui nous donne de poursuivre notre mission malgré les obstacles, les irritants et les échecs que nous rencontrons chemin faisant. Lorsque nous nous sentons faibles et impuissants, c’est la foi qui nous donne la force de continuer à lutter contre les forces du mal, à travailler pour la justice et la guérison et à proclamer à qui veut l’entendre qu’il faut changer notre façon de vivre et d’être ensemble.

Où que nous soyons, la grâce seule nous suffit. Paul nous le rappelle ce matin. Il a beau voir du pays et vivre des expériences mystiques profondes au cours de ces voyages, il met son orgueil non pas dans ses réussites et ses bons coups mais plutôt en Dieu et en sa grâce. Frères et sœurs, la grâce de Dieu nous accompagne où que nous voyagions. Elle ne pèse pas lourd. Au contraire…peu importe la situation dans laquelle nous nous trouverons …elle nous donnera des ailes. Amen.

Par Darla Sloan

Le 5 juillet 2015 – 5 Pentecôte B09 –Église Unie St-Pierre

Textes bibliques:

2 Corinthiens 12, 6-10 & Marc 6, 1-13 

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