S’il est vrai, d’après l’adage populaire, qu’abondance de biens ne nuit point, il se peut que nous ayons un problème ce matin en considérant la richesse inhabituelle des thèmes du jour et l’importance de chacune des Ecritures prévues dans le lectionnaire (II Corinthiens 13.11-13, Exode 34.1-9 et Jean 3.16-21).
C’est qu’aujourd’hui, nous célébrons la Fête des Pères : alors, bonne fête, papas!
Aujourd’hui, c’est aussi le dimanche de la Trinité.
Et pour faire bonne mesure, aujourd’hui, également, le lectionnaire nous présente trois passages de la Bible méritant chacun notre attention. L’un d’entre eux a suscité plusieurs millions d’entrées sur Internet en quelques fractions de secondes. C’est peut-être le verset le plus fameux de la Bible; le devinerez-vous? Il s’agit, bien sûr de Jean 3.16 : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle ».
Les deux autres sont :
« Le SEIGNEUR, le SEIGNEUR, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté, qui reste fidèle à des milliers de générations, qui supporte la faute, la révolte et le péché, mais sans rien laisser passer, qui poursuit la faute des pères chez les fils et les petits-fils sur trois et quatre générations.»
La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous.
Comment combiner tout cela dans une seule et même méditation de quelques minutes? C’est une vraie gageure, surtout que nous allons en appeler à la grammaire et aux mathématiques pour aider à y parvenir! Rien de moins.
Commençons par le texte d’Exode 34. Le Seigneur ordonne à Moïse : Taille-toi deux tables de pierre, comme les premières ; j’écrirai sur ces tables les mêmes paroles que sur les premières tables que tu as brisées.
Pourquoi donc Moise avait-il brisé les premières tablettes? Il les avait cassées de colère lorsqu’il s’était rendu compte que, pendant qu’il était sur la montagne et tardait, apparemment, à en redescendre (Exode 33), le peuple s’était fait faire un veau d’or pour l’adorer, à l’instar des peuples avoisinants. Les actions ayant leurs conséquences, Moïse fait tuer trois mille Israélites sur le champ. Dieu, lui, promet de sévir jusqu’à la troisième ou quatrième génération : n’est-ce pas cruel et disproportionné? Certes, cela y ressemble. Mais regardons-y d’un peu plus près car l’histoire ne s’arrête pas là. Un autre chiffre donne un sens plus pertinent de proportionnalité. C’est une fraction: 4/1000, ou encore 0.4/100 … c’est-à-dire 0.004. Le nombre, minuscule, représente le rapport entre la punition, la colère de Dieu et son immense bonté à notre égard. N’est-ce pas époustouflant?
Ce Dieu saint et puissant est terriblement redoutable, sa proximité représente un véritable danger, au point qu’il faut évacuer toute la montagne quand il annonce son passage prochain; même les animaux ne doivent pas paître ce matin-là! Pourtant, et nonobstant les traits d’un «père fouettard» sévère et féroce sous lesquels il nous est trop souvent décrit (cela aurait-il quelque chose à faire avec l’idée que bien des sociétés traditionnelles se font de l’autorité paternelle?), s’il punit jusqu’à la troisième ou quatrième génération, il pardonne et fait miséricorde jusqu’à mille générations! Mille contre quatre, il n’y a vraiment pas match!
Comme si cela ne suffisait pas, ce Père est toujours à la recherche d’un moyen pour ne pas avoir à exercer sa justice contre nous; ne l’oublions pas : nos actions ont des conséquences.
C’est qu’il est non seulement fait de tendresse et de miséricorde, il est AMOUR par essence!
Il nous aime d’un amour tellement fou, tellement fort qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Avant d’en venir aux mathématiques et à la grammaire, ouvrons une parenthèse pour avancer l’idée que ce père, tendre et tout-puissant, n’a surement pas envoyé son Fils unique, par amour pour tous ses autres enfants, pour le forcer à se faire tuer. Notre responsabilité humaine est engagée dans la condamnation et l’exécution de Jésus. Le débat n’est pas clos mais il nous faut l’abandonner et en venir à la discussion et à la résolution d’une équation à trois inconnues, paraphrasant Jean 13.16 (Dieu, a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit ….), où «X» serait Dieu, «Y», le monde et «Z» la proposition pronominale commençant par que.
Nous avons un sujet (Dieu) qui a tellement aimé un complément d’objet direct (le monde) qu’une action en a résulté (la longue proposition pronominale), ce qui donne :
« X » a tellement aimé « Y » que « Z ».
Sur le modèle de notre équation, nous pouvons en créer d’autres qui lui seraient identiques :
Moise a tellement aimé son peuple qu’il a marchandé avec Dieu à son grand péril
Bernard Palissy (un célèbre Huguenot du XVIème) a tellement aimé son art qu’il a brûlé ses propres meubles pour faire de l’émail blanc
Mère Teresa a tellement aimé les pauvres qu’elle leur a consacré toute sa vie en Inde.
Pour intéressants qu’ils soient, ces exemples ne nous touchent pas directement. Oserions-nous sauter le pas et rendre l’exercice beaucoup plus risqué, je veux dire beaucoup plus personnel? En ce dimanche de la Fête des Pères, oserons-nous feuilleter le journal de nos rapports avec notre père et ou alors quelqu’un qui a eu le rôle d’un père à un certain moment de notre vie? Pourrions-nous le substituer au sujet X et nous (ou bien une personne que nous sommes capables d’identifier) substituer au complément d’objet direct Y? L’exercice ramènera peut-être à notre esprit des situations ou des personnes longtemps enfouies dans l’oubli, peut-être pas. Pensons-y tout à l’heure, pendant la méditation musicale.
Pensons aussi à autre chose. Et si nous prenions encore le risque un peu plus grand de nous identifier à « X », qu’est-ce que cela donnerait si Y devenait alors quelqu’un de notre entourage, dans notre famille, au travail, peut-être même ici?
Nous aurions ainsi bouclé la boucle avec l’apôtre Paul et son exhortation à la fin de la deuxième épitre aux Corinthiens :
Frère et sœurs, aimez-vous tellement les uns les autres que vous demeurez dans la joie, travaillez à votre perfectionnement, vous encouragez, êtes bien d’accord, vivez en paix et vous saluez mutuellement d’un saint baiser!
Que ceux et celles qui ont des oreilles pour entendre, entendent!
Samuel Vauvert Dansokho
Eglise Unie St Pierre et Pinguet
Textes bibliques du 15 juin 2014
Exode 34 : 1-9
1Le SEIGNEUR dit à Moïse : « Taille-toi deux tables de pierre, comme les premières ; j’écrirai sur ces tables les mêmes paroles que sur les premières tables que tu as brisées. 2Sois prêt pour demain matin ; tu monteras dès le matin sur le mont Sinaï et tu te tiendras devant moi, là, au sommet de la montagne. 3Personne ne montera avec toi ; et même, qu’on ne voie personne sur toute la montagne ; même le petit et le gros bétail, qu’ils ne paissent pas devant cette montagne. »
4Moïse tailla des tables de pierre comme les premières, se leva de bon matin et, comme le SEIGNEUR le lui avait ordonné, monta sur le mont Sinaï, ayant pris à la main les deux tables de pierre. 5Le SEIGNEUR descendit dans la nuée, se tint là avec lui, et Moïse proclama le nom de « SEIGNEUR ».
6Le SEIGNEUR passa devant lui et proclama : « Le SEIGNEUR, le SEIGNEUR, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté, 7qui reste fidèle à des milliers de générations, qui supporte la faute, la révolte et le péché, mais sans rien laisser passer, qui poursuit la faute des pères chez les fils et les petits-fils sur trois et quatre générations. »
8Aussitôt, Moïse s’agenouilla à terre et se prosterna. 9Et il dit : « Si vraiment j’ai trouvé grâce à tes yeux, ô Seigneur, que le Seigneur marche au milieu de nous ; c’est un peuple à la nuque raide que celui-ci, mais tu pardonneras notre faute et notre péché, et tu feras de nous ton patrimoine. »
2 Corinthiens 13 : 12-14
11Au demeurant, frères et sœurs, soyez dans la joie, travaillez à votre perfectionnement, encouragez-vous, soyez bien d’accord, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. 12Saluez-vous mutuellement par un saint baiser. Tous les saint/es vous saluent. 13La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous.
Jean 3 : 16-
16Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.
17Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. 18Qui croit en lui n’est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19Et le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, mais les hommes et les femmes ont préféré l’obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20En effet, quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de crainte que ses œuvres ne soient démasquées. 21Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu. »
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